À bas l’énorme !
Les normes s’empilent pour tous, mais certains s’assoient confortablement dessus.
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Des normes, on n’en veut plus et elles tombent comme à Gravelotte : pour le bien-être animal, les dates et les distances d’épandage, la confection et le stockage des tas de fumier au champ, pour les capacités de stockage des déjections, la largeur et la fauche des bandes enherbées, le broyage des talus et plantations, la diversité dans l’assolement, la fertilisation des cultures, la couverture des sols l’hiver, les surfaces d’intérêt écologique, le contrôle du pulvérisateur, le permis pour pulvériser et bientôt permis de tronçonneuse… et si tu respectes tout cela, tu peux espérer un demi-Smic par mois. La France championne du monde des normes. Mais le plus énorme, c’est de voir que nos voisins et nos concurrents s’assoient dessus et en profitent pour nous tailler des croupières. La Nouvelle-Zélande augmente sa production laitière à coups de fertilisation, d’irrigation au détriment de la qualité de l’eau. Certains États américains sont immenses et les voisins sont très loin alors on y va de bon cœur sur la notion de stockage des effluents. L’Allemagne trafique ses plans d’épandage et reçoit quelques surplus hollandais.
Mais le plus énorme, que dis-je, pachydermique, c’est la Hollande. Il y a quelques mois, la presse relatait un vaste trafic de lisier impliquant les éleveurs, les transporteurs, les techniciens et sans doute quelques administratifs et élus qui ont fermé les yeux. Le but affiché étant de respecter le quota phosphore imposé et de conserver la dérogation (renouvelable en 2018) permettant d’épandre 250 unités d’azote organique par ha. Sur 1 200 contrôles effectués par la police de l’environnement, 60 % présentaient des anomalies et 40 % des fraudes avérées.
On apprend aussi que les vaches hollandaises vêlent avec un taux anormalement élevé de jumeaux. Les inséminateurs bataves féconderaient-ils les vaches avec 2 paillettes ? Que nenni mon ami ! En déclarant des jumeaux, on sous-estime le nombre de vaches vêlées donc en production et on surestime le nombre de génisses qui compte pour une demi-UGB donc moins d’azote et de phosphore. Depuis 2002, le troupeau néerlandais a grossi de 17 % soit 257 000 VL et 38 % de lait en plus. Les experts estiment que la seule fraude au phosphore leur a permis de produire l’équivalent des 375 000 t de poudre mise à l’intervention. En moyenne sur cinq ans, le Néerlandais a touché 35 €/1 000 l de plus que le Français. Ceci explique cela. Pour mémoire, la France produit autant qu’en 1983, date des quotas.
Plus c’est énorme et mieux ça passe. On ne sait pas combien d’immigrés sont présents en France mais on connaît en temps réel le nombre de bovins. En Hollande, il a sans doute fallu la complicité de certaines instances pour couvrir cette fraude. Là-bas, business is business. L’application stricte de la norme azote reviendrait à diminuer d’un tiers le cheptel batave. Le prix du lait est déterminé par la loi de l’offre et de la demande alors commençons par appliquer les lois.
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