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Les cartes postales

Mes amitiés d’une contrée du lait bien payé à tous ceux qui m’ont gâché l’été.

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A près une année un peu compliquée , je me suis décidé à partir en vacances dans un pays où le lait est payé 500 €, histoire de me remonter le moral.

 Où ça ? me demandes-tu soudain intéressé. En Chine, au Canada ?

 Non, en France, dans le Jura, en zone comté. J’allais enfin pouvoir user les flancs des pneus de ma moto dans les virages de la haute vallée de la Loue et autres coins sauvages. En roulant dans cette belle région, les flashs crépitaient et je pensais naïvement à des fans de cette brillante chronique, trop heureux d’en photographier son auteur, avant de m’apercevoir que c’était les radars automatiques. Je suis revenu déçu, et sans points sur mon permis. C’est assez surprenant pour un Breton de voir, au hasard des villages, un petit camion-citerne devant une laiterie qui transforme quelques millions de litres en savoureux comté. Parfois, un magasin de vente directe est accolé à cette mini-usine gérée par les coopérateurs. Serait-ce l’eldorado ? L’éden ? Le Graal de tout producteur laitier ? J’étais là en pleine béatitude et puis l’actualité m’a rattrapé.

Je n’ai pas pu m’empêcher d’envoyer une carte postale aux escrocs belges et hollandais qui ont traité leurs poules au fipronil avant d’envoyer leurs œufs dans toute l’Europe. Merci à vous car, avec la rentrée des classes, nous allons recycler les stocks dans les cantines scolaires. Nos joyeux bambins auront bonne mine et seront immunisés contre les poux en mangeant de succulentes omelettes.

Une autre carte postale, dans le cadre des États généraux de l’alimentation, à notre gouvernement pour le féliciter d’avoir nommé François Eyraud, DG de Produits frais Danone et Serge Papin, PDG de Système U, à la présidence de l’atelier intitulé « Rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs ». ­Bientôt, le ministère proposera aux bergers de remplacer les patous par des loups pour protéger leurs troupeaux. L’atelier intitulé « Améliorer les relations commerciales et contractuelles entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs » est présidé par Guy Canivet, ancien premier président de la Cour de cassation. Pas d’agriculteurs aux coprésidences. À croire que nous ne sommes pas compétents pour débattre de sujets aussi sensibles.

Une dernière carte à mon directeur du contrôle laitier qui affirme dans son édito : « Le discours sur la réduction des intrants peut s’entendre pour un éleveur qui, après vingt-cinq ans de carrière et ses amortissements terminés, peut se mettre en mode économie pour limiter les charges OP, mais il est dangereux d’en faire une stratégie à long terme ». Autrement dit, si après vingt-cinq ans à faire tourner la machine économique à plein régime, tu es encore solvable, tu pourras commencer à faire des économies pour tes vieux jours.

Tiens, ça me donne envie de retourner dans le Jura me soûler au macvin et autre vin jaune.

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