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R.I.P., comme ils disent

En finir avec la souffrance animale ? Oui, et avec tout le reste aussi. Nous y compris…

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La proposition de référendum d’initiative partagée sur le bien-être animal (RIP Animaux) est un texte de défense des animaux dans lequel figurent six mesures, lesquelles permettraient d’améliorer le sort « d’un milliard d’animaux par an », selon ses initiateurs. Le texte propose notamment la sortie de l’élevage intensif (accès à l’extérieur obligatoire pour toute nouvelle exploitation, interdiction totale de l’élevage en bâtiment fermé sans accès à l’extérieur pour 2040), l’interdiction de l’élevage en cage (2025), la fin de l’élevage pour les fourrures (2025) et l’interdiction de la chasse à courre, du déterrage et des chasses dites « traditionnelles » (à la glu…).

Bénéficiant d’un soutien massif de l’ensemble de la population française (+ de 80 %), l’initiative reçoit, au 7 septembre 2020, l’appui de 139 parlementaires sur les 185 nécessaires pour l’organisation du référendum (1). Il faut ensuite le soutien et la signature d’1/5e de la population titulaire d’une carte d’électeur. Le ministre Denormandie promet 250 millions d’euros : 125 pour moderniser les abattoirs et 125 pour les bâtiments d’élevage. On voit bien que la pression monte et que l’écart d’appréciation entre le citoyen-consommateur et le producteur grandit. Faut-il ignorer cette tendance lourde ou réagir ?

Ne rien dire, c’est accepter et se voir imposer de nouvelles normes qui conduiront l’agriculture française à la faillite. Le philosophe et ancien ministre Luc Ferry se demande « ce que deviendraient les animaux si nous ne les élevions pas pour les manger », mais dans le même temps, il milite pour l’agriculture cellulaire. Remplacer la viande, au nom de la lutte contre la souffrance animale, de l’éthique et de la réduction des GES, par de la nourriture synthétique fabriquée par des conglomérats de la finance n’est pas très ragoûtant. De leur côté, des militants écologistes proposent de favoriser la multiplication des loups pour lutter contre la pullulation des sangliers­, puisque c’est leur seul prédateur naturel. D’autres préconisent de laisser les choucas en paix jusqu’à ce qu’une pénurie alimentaire régule la population. Pendant ce temps, on pulvérise des insecticides contre le moustique-tigre, et on a même épandu de l’eau de Javel sur des plages pour lutter contre le Covid-19.

L’élevage français structure et anime le monde rural mais pour la première fois depuis le début de l’humanité, les agriculteurs ne sont plus majoritaires dans les campagnes, et d’autres décident pour nous. Accepter la fin de l’élevage conventionnel, c’est à coup sûr importer des viandes d’autres pays qui n’ont pas les mêmes contraintes. Bientôt, les logettes seront assimilées à des cages. Accepter la fin des chasses traditionnelles, c’est se voir imposer, à court terme, la fin de la chasse en totalité. Quand les loups auront ruiné l’élevage français de plein air, les éleveurs deviendront céréaliers et les choucas mangeront les cultures jusqu’à l’autorégulation. Mais les agriculteurs auront disparu. RIP : Rest In Peace (repose en paix), comme disent les Anglais.

(1) Source : Wikipédia.

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