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Grand bobiâ !

Ce qui signifie « grand niais » en bon gallo de Basse-Bretagne.

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Les fondamentaux restent stables mais il n’est pas exclu un revirement de situation dû à un excès d’humidité dans la Corn Belt, qui pourrait retarder la moisson du soja réalisée à seulement 20 %, et ainsi remettre les traders aux achats, d’autant que la situation de la guerre commerciale sino-américaine fait peser de graves incertitudes sur les stocks brésiliens et argentins, engendrant une baisse sur le disponible, à moins que la parité euro-dollar renchérisse le disponible surtout que le pétrole brut est à son plus bas niveau, plombé par le pétrole bitumeux et l’on sait que les pays producteurs n’achètent pas quand ils n’ont pas les moyens, alors il faut surveiller la bourse de Chicago impactée par le déficit de croissance américain tandis que Londres et Paris tablent sur une croissance de 0,5 à 0,8 %, ce qui pourrait relancer la consommation de lait et de viande à moins que l’embargo russe ne pèse sur des stocks déjà mis à mal par l’incertitude du Brexit sans accord, donc couvrez-vous sur le rapproché et suivez les 6 de mai.

Ouf ! Tu peux respirer. Tu n’as rien compris ? Moi non plus. Voilà un condensé des prochaines prévisions de tous nos vendeurs d’aliments et de matières premières et analystes en tout genre. Tu peux étendre le concept aux marchés à terme du lait dont on nous dit qu’ils permettraient aux producteurs de mieux stabiliser les prix de vente. Foutaises ! Dans ces galimatias qui se contredisent­, parfois dans la même journée, le but est d’inciter les traders et les grands acheteurs à échanger des contrats monstrueux. Même en gagnant quelques centimes par tonnes, ils engrangent des sommes colossales alors que toi, pauvre péquin, tu regardes ton téléphone plusieurs fois par jour pour ne pas rater le bon coup. Un collègue me disait l’autre jour :

« J’ai raté un contrat de soja 30 tonnes bennées, je vais le payer 6 € de plus.

Ah oui, c’est bête, mais cela ne fait que 180 € de plus sur ton camion alors que tu ne calcules pas ta marge sur coût alimentaire et que tu peux potentiellement perdre 20 fois plus sur l’hiver. Et combien coûte ton kilo de matière sèche de maïs et d’herbe ? »

Comme pour le Ceta et le Mercosur, comme pour tous les intervenants du para-agricole – nos conseilleurs (qui ne sont pas les payeurs)… –, ce sont les intermédiaires qui font les bonnes affaires. Partout­ dans le monde, le producteur de matière première est le dindon de la farce. Certes, il faut se tenir au courant de l’actualité et des tendances pour ajuster nos prévisions et notre stratégie. Oui, il est prouvé qu’il vaut mieux acheter à terme que sur le disponible, mais ne nous laissons pas aveugler par l’accessoire. Tu réclames un meilleur prix du lait, moi aussi, mais sais-tu que le marasme du marché des petits veaux nous coûte entre 5 € et 8 € les mille litres par rapport aux années passées ? Et là, personne ne bronche.

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