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Samuel Bar « Redonner de la valeur à nos ingrédients laitiers »

Spécialisées dans la protéine, La Prospérité Fermière et sa filiale Ingredia ont pris le virage de la valeur ajoutée en 2015. Une stratégie qui monte en puissance progressivement, mais reste encore pénalisée par les stocks de poudre européens.

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La Prospérité Fermière propose aujourd’hui de souscrire du volume C. Pourquoi cette décision ?

Samuel Bar : Sur le même principe que le volume B, il s’agit d’un volume optionnel qu’il est possible de souscrire en début d’année et/ou en juillet. Chacun peut ainsi s’engager sur un volume à produire entre 2 500 et 200 000 litres. Contrairement au B dont le prix est fixé à l’avance (240 €/1 000 litres en 2018), le prix C dépendra des cours du beurre-poudre du mois précédent (dernière cotation à 255 €). Cette démarche volontaire offre la possibilité de produire plus, sans faire de dégagement payé au prix D. Car en dehors de la redistribution liée aux arrêts d’activités, la coopérative ne peut plus faire du développement de référence comme ces dernières années.

Entre 2010 et 2017, nous avons distribué 110 000 litres supplémentaires par point de collecte. Comparé à d’autres laiteries, ces attributions se sont faites avec du volume A. Ce choix du volume a permis de saturer l’outil industriel. Mais, depuis 2015, notre stratégie est désormais axée sur la recherche de valeur ajoutée pour nous affranchir de la volatilité sur le marché des commodités.

Sur quels choix stratégiques repose la recherche de valeur ajoutée ?

S.B. : Notre coopérative est depuis toujours spécialisée dans la production de protéines, avec des produits industriels (poudre 0, poudre 26) et une part d’ingrédients plus élaborés. Notre volonté est d’augmenter la part des seconds via des investissements techniques et industriels. Pour rester dans la course sur ce marché, nous devons être en mesure de proposer de nouvelles protéines.

En ce sens, nous avons, par exemple, mis en service une unité d’ultrafiltration en janvier d’un montant de 10 millions d’euros. Le partenariat que vient de signer La Prospérité Fermière et sa filiale Ingredia avec l’institut de recherche ­Charles-Viollette, de Lille, est un moyen d’aller encore plus loin dans la recherche de molécules de plus en plus innovantes, tout comme la production de protéines issues de la collecte bio ou de colostrum que nous développons.

Par ailleurs, nous avons lancé une politique de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) en partenariat avec WWF, qui engage la coopérative dans une démarche de progrès en faveur du développement durable. Cet engagement permet de répondre aux attentes sociétales et de se différencier vis-à-vis des clients, afin de redonner de la valeur à nos poudres basiques.

Quand les adhérents percevront-ils les fruits de cette stratégie sur la paie de lait ?

S.B. : On en ressent déjà les effets. Il suffit de voir le cours des commodités. La diversité des ingrédients et la RSE permettent de développer notre portefeuille de clients. La partie commerciale monte en puissance progressivement et laisse espérer une revalorisation du prix fin 2018. Mais il faut comprendre la difficulté de se projeter, car les stocks de poudre européens pèsent aujourd’hui plus lourd sur le prix que les retombées de nos choix stratégiques. 2018 est donc encore une année de transition. Sans ces stocks, les perspectives sur les protéines sont bonnes : à l’heure où les produits de grande consommation stagnent, on sait que le développement du marché se fait sur les produits industriels. Mais c’est un marché dérégulé par un développement de la demande qui ne se fait pas au même rythme que l’offre.

Vous venez de lancer la collecte de lait de chèvre bio en partenariat avec Eurial. Est-ce aussi une voie pour produire de nouveaux ingrédients ?

S.B. : Non. Ce lait sera transformé par la filiale caprine d’Eurial en Belgique. Cette décision répond à une demande et correspond à notre projet coopératif d’accompagner les adhérents dans leur choix de diversification pour se donner les moyens collectivement d’avoir toujours des éleveurs demain sur le territoire.

Propos recueillis par Jérôme Pezon

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