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EXTENSION DES ZONES VULNÉRABLES, MAE... Le ras-le-bol à fleur de peau des producteurs de lait

À l'écoute de Régis Dumey, polyculteur-éleveur à Saint-Loup-Géanges (Saône-et-Loire), Éric Delzant, préfet de Bourgogne, et Fabien Sudry, préfet de Saône-et-Loire. © A.B.

En Bourgogne comme ailleurs, l'empilement de règlements qui complexifient encore un peu plus le métier ne passe plus.

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N ous n'irons pas plus loin dans l'application de réglementations qui n'ont plus de sens. Nous n'en avons d'ailleurs pas les moyens financiers » : en résumé, tel est le message qu'ont délivré au préfet de région des producteurs de lait bourguignons, réunis le 9 octobre dernier sur l'exploitation de la famille Dumey, à Saint-Loup-Géanges (Saône-et-Loire).

« Malgré la disparition de la moitié du nombre d'exploitations laitières en dix ans, les éleveurs restants sont parvenus à maintenir le volume global produit dans la région (410 millions de litres), au prix de regroupements d'exploitations et d'investissements lourds. Leur dynamisme et leurs efforts ont assuré l'approvisionnement de 28 unités de transformation employant 2 000 salariés », soulignait à cette occasion Nadine Darlot, productrice de lait dans l'Yonne et présidente de la section laitière de la FRSEA de Bourgogne.

Dans un contexte de hausse des charges et de perspectives de prix du lait à la baisse, la nouvelle extension des zones vulnérables est perçue comme une provocation.

« On était aux normes, on ne l'est plus ! »

« Cette décision fondée sur des critères arbitraires non scientifiques, est incompréhensible, dénonce Francis Letellier, président de la FRSEA de Bourgogne. On était aux normes, on ne l'est plus ! Si le préfet coordonnateur de bassin signe l'arrêté, on l'attaquera devant le tribunal administratif. »

Même charge contre les MAE censées compenser les contraintes environnementales et la baisse des aides directes dans les zones intermédiaires de Bourgogne. « Leurs contenus ne sont pas adaptés à des régions comme les nôtres, déplore Stéphane Convert, responsable de la section laitière de Saône-et-Loire. Le seuil de 800 kg de concentrés achetés par UGB et par an, fixé au plan national dans la future MAE polyculture-élevage, est fait pour la Bretagne. Les cahiers des charges sont imbuvables et ne servent qu'à inventer des systèmes dans lesquels les paysans ne peuvent pas rentrer. » Au cours de cette discussion franche, il fut également question de l'accès à la transparence des aides directes européennes.

« Le Gaec n'est pas adapté à tous »

« La formule Gaec qui nous est aujourd'hui littéralement imposée, est inadaptée à l'ensemble des exploitations », estime Régis Dumey. Après avoir connu la formule Gaec avec un associé hors cadre familial, la famille Dumey a opté, en 2013, pour une EARL adossée à une société civile laitière (constituée avec deux voisins) et une entreprise de travaux agricoles (SNC).

« Le fait d'avoir plusieurs sociétés facilitera, le jour venu, la transmission de l'entreprise (1,7 Ml lait avec 150 vaches sur 225 ha) et évite d'ores et déjà certaines impasses, estime l'éleveur, associé à son fils Baptiste et à son frère Gilles. Sur une exploitation de polyculture-élevage, arbitrer au sein d'un Gaec entre un robot et une moissonneuse-batteuse devient difficile ». Alors que le centre de gestion conseille de repasser en Gaec, Régis Dumey s'interroge sur la pertinence d'un choix fait pour coller à une réglementation dans la perspective de récupérer des primes pendant cinq ans. Et de souligner : « Les formules juridiques doivent être choisies en fonction des stratégies de l'entreprise, et non en fonction des textes administratifs. »

ANNE BRÉHIER

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