NOUS INSTAURONS UN AUTRE TYPE DE DIALOGUE EN FILIÈRE

Votre projet d'entreprise, Horizon 2020, vise à renforcer votre poids dans l'organisation de la filière laitière. Pourquoi ?

Jo Jaouen : BCEL Ouest est issu de la fusion de trois contrôles laitiers. Ces organismes se sont crééss sur les bases de la loi sur l'élevage. Mais avec la fin des quotas, tout est à reconstruire. Les administrateurs et délégués de BCEL Ouest ont réfléchi pendant deux ans à l'élaboration de notre projet d'entreprise pour prendre en compte toutes les évolutions. La filière doit s'inscrire dans un autre cadre pour être efficace. La mission des ECELreste le conseil indépendant aux éleveurs. Ils en ont besoin aujourd'hui plus que jamais pour ne pas se tromper dans leurs décisions stratégiques. Mais pour qu'ils obtiennent la lisibilité nécessaire, il faut instaurer un véritable dialogue au sein de la filière, passer de la défiance, qui prévaut aujourd'hui, à une relation de confiance. De plus, pour peser dans la chaîne de valorisation, il faut une cohérence dans le discours. C'est essentiel, vis-à-vis des GMS notamment.

N'est-ce pas plutôt le rôle du syndicalisme que celui de BCEL Ouest ?

J.J. : Le syndicalisme s'est longtemps focalisé sur la défense du prix du lait. Il doit évoluer. Mais je crois qu'il ne peut pas, seul, représenter l'amont. Les ECEL doivent être reconnues en raison du rôle de conseil qu'elles jouent, mais aussi des informations qu'elles détiennent. Nous travaillons avec les laiteries pour parvenir à un système d'échange d'informations. Elles peuvent nous aider à accompagner les éleveurs dans leurs choix en nous expliquant leur propre stratégie. Et réciproquement, nous pouvons aider les laiteries à mieux prévoir les évolutions de la collecte grâce à nos informations sur les effectifs d'animaux ou les stocks fourragers. Ceci suppose, bien sûr, l'accord des éleveurs. Mais au final, tout le monde est gagnant. Ce type de relation s'est instauré entre BCEL Ouest et Sodiaal, quand ils sont entrés en Bretagne en reprenant Entremont. Nous avons travaillé ensemble pour aider les éleveurs à prévoir leurs livraisons. Aujourd'hui, un projet pilote est en réflexion avec cette laiterie et la FCEL pour organiser ce type d'échanges. Ce projet national est conduit par nos équipes et nous développons le même type de démarche avec d'autres industriels. BCEL Ouest est l'une des rares ECEL qui a choisi de ne pas vendre de produits aux éleveurs. Cela facilite aujourd'hui nos relations avec les laiteries car nous ne sommes pas concurrents sur ce créneau.

Envisagez-vous d'aller au-delà de votre zone actuelle de trois départements ?

J.J. : Nos partenaires ont des activités sur plusieurs régions, voire plusieurs pays. Avec Cogedis Fidéor par exemple, une association de gestion, nous avons cherché une synergie entre les compétences techniques et économiques, ce qui a débouché sur la création de XPertia, une offre de services fondée sur de nouveaux indicateurs. Par exemple, le coût de production est suivi mois par mois. Cela permet d'être plus réactif. Quand Cogédis propose ces services hors de notre zone, ils sollicitent l'ECEL locale. En cas de refus, BCEL Ouest intervient. Nous nous sommes également rapprochés de Copavenir, une structure issue de la fusion des ECEL de la Vienne et de la Charente. Ils nous ont demandé de les accompagner dans leur restructuration. Ce type d'expériences est très enrichissant pour BCEL Ouest, car cela nous ouvre sur d'autres régions et d'autres problématiques. Ainsi, Copavenir possède une expérience technique des grands troupeaux très intéressante à l'heure où l'agrandissement se produit en Bretagne. Nous sommes donc disposés à répondre à ce type de demande ailleurs, si l'occasion se présente. Y compris à l'étranger, avec notre partenaire Evolution.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE LE CANN