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GROUPE COOPÉRATIF ERMITAGE Résolument régional et serein pour affronter l'après-2015

Les sites franc-comtois ne sont pas oubliés par l'Ermitage. L'usine de Clerval verra, entre autres, l'extension de son atelier de pré-emballage.© J.M.V.

L'Ermitage persiste et signe dans sa stratégie de coopérative à dimension régionale. Elle s'apprête à s'engager dans un ambitieux programme d'investissement pour rester compétitive dans sa spécialité, le fromage.

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La fusion des fromageries de Blâmont avec Sodiaal (et avec elle 150 Ml) à la barbe des fromageries Ermitage a laissé des rancoeurs en Lorraine. « L'Est a déjà beaucoup souffert de ces délocalisations rampantes initiées aussi bien par le secteur privé que coopératif. Les fromages sous signe de qualité protègent contre ce fléau, mais leur volume, leur taux de croissance et leur nature même ne permettent pas, hélas, de répondre aux défis que l'ensemble des producteurs de lait doivent désormais surmonter. Un projet régional est nécessaire pour que les producteurs de l'est gardent le pouvoir sur les parts de marché acquises grâce au lait produit dans l'Est, qui devrait rester leur richesse collective. Pour les défendre et les développer efficacement, il faudrait d'abord que cette analyse soit partagée par tous les coopérateurs et leurs élus », a regretté une fois de plus Daniel Gremillet, lors de l'AG du groupe Ermitage qu'il préside. Et d'appeler à un sursaut pour que la restructuration de la filière laitière de l'Est se fasse dans le cadre d'un projet régional. Mais on se demande avec quelles âmes soeurs aujourd'hui.

À ceux qui ricaneraient, disant que « l'Ermitage est rétrograde, que les temps ne sont plus à la défense de positions régionales, mais aux grands ensembles, aux grandes métropoles, à la mondialisation », Daniel Gremillet les invite à « regarder les conséquences de cette théorie aveuglément appliquée quand le pouvoir de décider quitte une région ou un pays. » L'avenir dira si cette stratégie d'une coop de dimension résolument régionale, valorisant l'essentiel de son lait en PGC, reste viable. Le groupe Ermitage compte 922 salariés, collecte 437 Ml de lait et pèse 55 000 t de fromages. Ils se ventilent en 25 800 t de pâtes molles (munster, brie, camembert, carré de l'Est...), 21 500 t de pâtes pressées cuites (emmental, comté), et 7 700 t de pâtes pressées non cuites (raclette, morbier).

65 millions d'euros vont être investis sur trois ans

En attendant, le fromager continue de tracer sa route. Un sans-faute pour l'instant (sauf celui de ne pas avoir réussi à fédérer plus large). Grâce au complément de prix, ses producteurs historiques de l'ULV (Union laitière vittelloise) ou satellites de l'UAC (Union agricole comtoise) et la CLFC (Centrale laitière de Franche-Comté) figurent, d'après notre observatoire du prix du lait (voir p. 96), parmi les mieux payés de l'Hexagone en lait standard (lire ci-contre). En 2013, le groupe a dégagé un EBE de 18,24 M€ (18,6 M€ en 2012) et un résultat net de 10,8 M€ pour un chiffre d'affaires de 349 M€ (335 M€ en 2012). Sa santé financière est aussi plus qu'enviable : 50 % de fonds propres, 1,13 pour le ratio dettes moyen et long termes/capacité d'autofinancement. C'est donc serein que le groupe Ermitage se lance dans un programme d'investissement ambitieux : 65 M€ sur trois ans. Est prévue la construction d'une tour de séchage, stratégique pour mieux valoriser le lactosérum, « sous-produit » de sa production fromagère. Aussi programmée sur le site vosgien de Bulgnéville, l'extension de la capacité de production de pâtes molles. Les sites du Doubs ne sont pas oubliés. L'usine de Clerval verra, entre autres, l'extension de ses moyens de préemballage. L'atelier de Vercel sera modernisé pour y sécuriser la fabrication de fromages au lait cru.

JEAN-MICHEL VOCORET

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