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MAUVAISE CIBLE

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La Conf' a trouvé dans la ferme des 1 000 vaches un symbole médiatique pour dénoncer le risque d'industrialisation de l'agriculture. Et de la production laitière en particulier. C'est à ses yeux le mal absolu à éviter pour maintenir un maximum d'exploitations sur le territoire. Un voeu très louable, mais ne se trompe-t-elle pas de cible ?

Concernant la Somme, je ne suis pas sûr que ce méga troupeau soit un frein à l'installation d'éleveurs. Le challenge y est plus, pour l'avenir, de savoir comment le département continuera à produire autant pour approvisionner ses laiteries, au rythme où vont les reconversions vers du 100 % cultures de vente. Pour le grand Ouest, je doute carrément que ce modèle d'exploitation fasse tache d'huile. Les Néerlandais nous prouvent que des exploitations familiales peuvent être très, voire bien plus compétitives. Leur secret, un agrandissement de troupeau progressif et bien maîtrisé, autant sur le plan technique qu'économique et financier.

Plutôt que se battre contre des moulins à vent que la liberté d'entreprise n'empêchera pas de toute façon de tourner, l'urgence n'est-elle pas ailleurs ? Dans le pragmatisme, à la façon par exemple des producteurs du sud de l'Allemagne. Au lendemain de la grève du lait, ils ont mis de côté la politique et ont tous oeuvré dans le même sens pour rééquilibrer le rapport de force face aux laiteries privées. Résultat, un genre d'AOP qui fédère 2,1 milliards de litres mais avec 60 OP verticales qui ont un seul point commun : un « super-négociateur » du prix du lait (lire p. 6). Celui qui les assiste individuellement dans leur discussion face aux laiteries, qui a la mémoire de chaque prix du lait négocié et consacre tout son temps à la connaissance des marchés. À méditer.

Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef

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