Une Pac ambitieuse… ou pas ?
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Rédacteur en chef adjoint
Une Pac plus verte, et plus juste ? Qui n’en voudrait pas, après des années de politiques européennes à bout de souffle qui ont vidé les campagnes sans enrichir aucun agriculteur ? De l’ambition à l’action, toutefois, il y a un monde. Et à peine le ministère de l’Agriculture avait-il avancé ses premières propositions que tous les tracteurs de France étaient devant les préfectures. Car s’il est prévu que le gâteau des aides directes ait à peu près la même taille, il faudra le partager autrement. Qui va y perdre, qui y gagner ? En particulier avec ces nouveaux éco-régimes, destinés à rémunérer des pratiques écologiques : 20 à 30 % du premier pilier – environ 70 €/ha –, sont en jeu.
Le virage agroécologique de la Pac est le cheval de bataille des associations, des ONG – et plus largement des citoyens –, que rejoint la Confédération paysanne. Leurs propositions s’appuient souvent sur le concept de décroissance. En face, syndicalisme majoritaire en tête, on répond économie des filières et perte de revenu, avant d’aborder un possible engagement environnemental. Mais il serait trop simple d’opposer position idéologique et réalisme économique. Les temps ont changé. Les attentes sociétales et l’urgence climatique ne sont plus à débattre. L’Europe a déjà pris ce virage politique avec son Pacte vert, et il n’y aura pas de retour en arrière.
La question est de savoir quelle ambition animera le prochain round. On pourrait parier sur une réforme de transition, qui en annoncerait une suivante, plus abrupte. Une manière de roder les producteurs à ce nouveau paradigme, mais aussi de repérer, dans une UE à 27, les États membres tire-au-flanc et les possibles distorsions de concurrence, en attendant le Graal du zéro carbone programmé pour 2050.
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