LAIT BIO Les conversions peinent à suivre la demande
La France pourrait bien manquer de lait bio, faute d'une hausse de la production au rythme de la consommation.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les ventes de produits laitiers bio poursuivent leur croissance en France avec des hausses de 3 à 15 % en 2013 selon les segments. Et les industriels alimentent le marché avec des produits nationaux pour l'essentiel, grâce au pic de conversion observé en 2009. Les importations sont passées de 29 millions de litres en 2011 à 3,2 millions en 2013.Mais les spécialistes craignent une reprise de ces achats. Ils l'ont dit lors d'un colloque organisé le 17 avril dans les Côtes-d'Armor par les réseaux bio bretons.
De la poudre infantile pour la Chine ?
Les inquiétudes apparaissent justifiées au vu des dernières enquêtes du Cniel. Elles révèlent un ralentissement du rythme des conversions depuis 2012 alors que la demande reste dynamique. Elle pourrait même bondir puisque des projets de tours de séchage seraient dans les tuyaux afin d'exporter de la poudre de lait infantile vers l'Asie. La collecte française de lait bio devrait atteindre 505 Ml dans un an, soit 30 Ml de plus qu'en 2013. Elle avait gagné 40 Ml au cours des deux années précédentes. Ailleurs en Europe, la collecte stagne.
On sait que les conversions se produisent souvent à la suite d'une longue réflexion et à la faveur d'un événement particulier. L'ESB en 1996 ou la crise laitière de 2009 les ont relancées. On en a comptées 90 en Bretagne en 2009, mais seulement 13 en 2012. Aujourd'hui, la conjoncture favorable du lait conventionnel n'incite pas à se lancer dans le bio. Et lors des cessations d'élevage bio, la reprise se fait parfois en conventionnel. Or, un quart des éleveurs bio bretons partiront à la retraite dans les cinq ans.
Alain Delangle, éleveur laitier bio en Normandie et secrétaire national de la Fnab, reste convaincu de l'avenir de la filière : « Nous devons tous réfléchir à l'organisation nécessaire pour changer demain l'échelle de la filière bio, passer de 4 à 10 ou 15 %. »
PASCALE LE CANN
Pour accéder à l'ensembles nos offres :