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FUSION SODIAAL-3A-LACOPAB APPROUVÉE Le n° 1 de la coopération n'a plus qu'à prendre son envol

Sans le coup de poker réussi de la reprise d'Entremont, pas sûr que 3A aurait choisi Sodiaal comme partenaire.© CHRISTIAN TUAL

Le mariage avec 3A donne un peu plus de muscles à Sodiaal. Aujourd'hui, le groupe a tout, sur le papier, pour écrire une « success story ».

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Réunis en AG extraordinaire le 8 janvier, les « Sodiaal » ont voté les yeux fermés la fusion avec 3A et Lacopab. Tout juste un électron libre a-t-il plombé l'ambiance le temps d'une question. Il a regretté de ne pas avoir eu, lors des AG de section et encore moins ce jour-là, la présentation du projet de budget 2014. Et in fine le prix du lait qui va avec. François Iches, le président sortant, lui a répondu en rappelant les règles de fonctionnement par délégation de la coop et en précisant que les représentants des producteurs avaient validé le projet. Il lui a aussi rappelé l'expérience récente réussie de la reprise d'Entremont, opération qui avait suscité beaucoup de doutes à l'époque. Et Laurent Hassou, ex-président de la coopérative de Blâmont récemment intégrée à Sodiaal, de lui apporter son soutien : « Cette fusion est une étape d'une importance aussi cruciale pour Sodiaal que celle d'Entremont. Elle va dans le bon sens pour le prix du lait. »

Une taille critique pour commencer à peser

Il est vrai que sur le papier, cette opération a tout du puzzle idéal. Avec 3A, Sodiaal atteint une taille critique pour commencer de peser à l'échelle européenne. Le groupe compte désormais 14 000 producteurs, collecte de 4,6 milliards de litres (20 % du lait français) pour un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros. Au-delà des chiffres, l'arrivée de 3A conforte surtout un mix-produits qui s'était déjà fortement rééquilibré avec l'absorption d'Entremont, rendant ses résultats moins dépendants de son activité lait de consommation (toujours en phase de redressement). Nul doute que sans ce coup de poker réussi d'Entremont et, avec lui, le retour d'Eurosérum chez Sodiaal, 3A aurait trouvé un autre partenaire. Sans doute privé, à l'instar d'un Bongrain qui a longtemps courtisé ses élus.

Avec l'arrivée des Fromageries Occitanes, ce sont 40 000 t de fromages de terroir et AOP qui complètent le plateau de fromages Sodiaal de ses filiales (Entremont, CFR, Blâmont, et Monts et Terroirs). Le groupe pèse désormais 381 000 t de fromages. Stratégique aussi l'arrivée dans le giron d'Entremont, de ce « petit » opérateur d'emmental qu'était 3A. C'est là que se trouve tout le sens pour Sodiaal d'intégrer le « Petit Poucet » de la fusion, Lacopab, avec ses 15 Ml, mais surtout son outil. Dédiée dans le passé à la fabrication d'emmental avec des laits d'excédent, la fromagerie de Leyment pouvait ponctuellement casser les prix. Le site sera repris par Eurosérum et servira à écrêter son activité de concentration en lactosérum.

Dans le panier de la mariée de 3A, Bonilait protéines et son activité ciblée sur la nutrition animale et la production de poudres réengraissées pour les IAA, s'avère aussi très complémentaire de celle de Nutribio et Eurosérum. Sur l'ultrafrais, Yéo apporte ses spécificités sur le marché des MDD, en particulier sur les produits bio. Boncolac enfin amène une diversification sur les pâtisseries et les produits de traiteur. Reste pour Sodiaal, après cette opération structurante, à prendre son envol en réussissant deux défis majeurs : améliorer sa profitabilité et s'internationaliser à grands pas... là où est la croissance, là où d'autres sont, ou commercent, déjà.

JEAN-MICHEL VOCORET

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