DÉLIVRANCE DU MÉDICAMENT Les vétérinaires ont senti le vent du boulet
Un projet de loi prévoyait le découplage de la pres-cription et délivrance pour certains antibiotiques. Face au courroux, le gouvernement a fait machine arrière.
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Plusieurs milliers de vétérinaires dans les rues de Paris pour manifester, du jamais vu pour cette profession. La raison de ce courroux : un article dans le projet de loi d'avenir qui supprimait le droit aux vétérinaires de délivrer certains antibiotiques. Aux éleveurs et propriétaires d'animaux de compagnie d'aller acheter ces médicaments en pharmacie. Objectif de la loi : éviter l'émergence de phénomène de résistance. Étaient ciblés ici les antibiotiques dits critiques (céphalosporines et fluoroquinolones) qui constituent les seules alternatives pour traiter certaines infections chez l'homme. Au-delà, cette loi suggère aussi que les vétérinaires seraient responsables d'une consommation trop importante de ces antibiotiques. En découplant la prescription de la délivrance, les auteurs suspecteraient donc des prescriptions qui ne seraient pas seulement guidées par la santé de l'animal. Évidemment, les vétérinaires ont vécu cette défiance du gouvernement comme une atteinte à leur honneur. « Le législateur se trompe de cible, les vétérinaires ont adhéré au plan EcoAntibio et leurs efforts ont porté leurs fruits », note le syndicat des vétérinaires libéraux. Les chiffres confirment : le tonnage des ventes d'antibiotiques en médecine vétérinaire a baissé de 33 % sur les cinq dernières années et l'exposition aux molécules critiques est en baisse, même si des efforts restent à faire, notamment en élevage bovin.
Encadrement plus strict
Autre argument : les trois pays de l'UE qui consomment le plus d'antibiotiques sont ceux dans lesquels le découplage prescription-délivrance du médicament vétérinaire est total. Le gouvernement a bien entendu puisque la mesure de découplage a été retirée du projet de loi. En contrepartie, un objectif chiffré de réduction de la consommation d'antibiotiques critiques a été introduit et l'Anses sera chargée d'élaborer un encadrement plus strict des prescriptions.
DOMINIQUE GRÉMY
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