Producteurs vs. industriels L’OP Cleps Ouest veut s’émanciper de Savencia
Contrat. Savencia a dénoncé début mars son contrat-cadre avec l’AOP Sunlait. Cleps Ouest, une de ses OP adhérentes, jette les bases d’une relation nouvelle avec le groupe fromager.
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L’été dernier, l’AOP Sunlait a assigné en justice le groupe Savencia pour non-respect du calcul contractuel du prix du lait depuis 2020. L’audience pour un jugement sur le fond a lieu le 7 juillet,devant le tribunal de justice de Coutances (Manche). Sunlait demande un dédommagement de plus de 40 M€. « On peut imaginer que la bataille judiciaire continue après la délibération du tribunal. Malgré cette affaire en cours, nous avons la volonté de continuer à discuter avec Savencia », affirmait Denis Berranger, administrateur de Sunlait et membre du bureau de l’OP adhérente Cleps Ouest, à l’assemblée générale de cette dernière, le 16 juin.
Couper le cordon ombilical
Rappelons qu’en mars dernier, Savencia a dénoncé le contrat-cadre qui le lie à Sunlait jusqu’en mars 2024. L’AOP préfère regarder le verre à moitié plein. Elle y voit l’opportunité de jeter les bases d’une nouvelle relation avec l’industriel. Cleps Ouest donne la tonalité de ce qu’elle pourrait advenir. « À nous de montrer que nous sommes capables de prendre notre envol », livre Landry Rivière, le président de l’OP. Le changement de son nom illustre symboliquement ce virage. « À sa création il y a dix ans, l’OP s’est définie par rapport à l’entreprise, en portant celui de sa filiale : Compagnie laitière européenne production et services ouest, décrypte-t-il. Si elle ne rencontre pas d’obstacles administratifs, ce sera désormais Les Laitiers du Mont Saint-Michel. » Dorénavant, la modification des statuts autorise l’OP à contractualiser avec d’autres laiteries que Savencia et à accueillir des producteurs multicontrats. « Afin de respecter la règle de l’apport total, ils donneront à l’organisation leur mandat de négociation relatif au contrat Savencia et aux autres contrats. »
Les 565 adhérents veulent également avoir la main sur les données de leur exploitation, auxquelles l’industriel a accès via des audits (empreinte carbone et bien-être animal, par exemple). Le manque de lait qui s’annonce durable va faire bouger les lignes entre les producteurs et les transformateurs français, « par exemple, en liant les volumes et le prix. » L’OP, à cheval sur les dynamiques Ille-et-Vilaine et Manche, sait qu’elle est bien placée. Les adhérents restent demandeurs de lait. Sa référence est passée de 345 Ml en 2020 à 355 Ml cette année, principalement grâce à la mutualisation des volumes de Sunlait.
Claire HuePour accéder à l'ensembles nos offres :