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FIN DES QUOTAS Encore deux ans avant le grand saut des coopératives

« La coopérative amortit les effets néfastes de la volatilité vis-à-vis de ses associés-coopérateurs », rappelle Dominique Chargé, président de la FNCL.© THIERRY PASQUET

Être compétitives tout en restant proches de leurs adhérents, c'est l'équation que doivent résoudre les coopératives laitières.

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En Europe du Nord, la libéralisation du marché ne fait plus l'objet de débats. Les coopératives laitières, largement majoritaires, ont pris le virage déjà depuis plusieurs années. « En Allemagne, quand le prix a fortement chuté en 2008 et 2009, après d'intenses réflexions, les coopératives ont pris la décision d'assumer la sortie des quotas », rappelle Heinrich Schmidt devant les coopératives laitières françaises (FNCL), réunies le 18 avril à Paris. Il est responsable de la branche lait au sein de la Fédération des coopératives allemandes. « Il faut regarder la réalité en face et prendre son destin en main », assène-t-il. Pour le groupe coopératif néerlandais FrieslandCampina, né de la fusion entre FrieslandFoods et Campina, cela passe par la diversification des marchés et des produits. « Les marchés sont volatils. Ce ne sera pas facile, mais nous pouvons avoir confiance en l'avenir », affirme Wim Kloosterboer. Et si se développer passe par la concentration du lait dans une région, ce sera sans état d'âme. « Nous n'avons pas d'aides pour maintenir le lait dans toute l'Irlande, explique Anne Randles, d'Irish Dairy Booard. Le potentiel se trouve au sud-est du pays. Nous savons que la production va s'y développer au détriment du nord. »

Les coopératives françaises, elles, se cherchent encore. Concurrentes entre elles et concurrentes des industriels privés mieux placés sur les PGC, confrontées à la dérégulation du marché mais aussi soucieuses de maintenir le lait sur le territoire national, elles font le grand écart. À moins de deux ans de la fin des quotas, seraient-elles en train de trouver leurs voies ? Depuis six mois, de la Basse-Normandie au Sud-Ouest, le monde coopératif frémit. Par nécessité économique, Terra Lacta (Poitou-Charentes) devrait entériner fin juin son rapprochement avec le groupe Bongrain, un grand habitué des partenariats avec les coopératives (Sodiaal, Agrial). Terra Lacta entame des discussions avec Orlait, société de commercialisation de lait UHT, dont Sodiaal est le principal actionnaire. Agrial-branche lait et Eurial veulent compter parmi les acteurs de poids et ont annoncé leurs fiançailles en décembre. Dans le Sud-Ouest, selon nos sources, Sodiaal serait en discussion avec 3A. Il l'est avec Coralis en Bretagne (voir p.15). Partenariats industriels pour certains, fusions pour d'autres, les deux campagnes avant la sortie des quotas seront riches en rebondissements.

Une charte pour rapprocher coopératives et adhérents

Les rapprochements ne suffiront pas à amortir les effets de la dérégulation du marché. L'autre clé de la réussite sera une plus grande cohésion entre la coopérative et ses membres associés. Pour la première, cela suppose plus de transparence, pour les seconds plus d'implication. C'est le défi que veut relever la FNCL. Elle propose à son réseau de coopératives « sept engagements mutuels », résumés dans une charte. « La FNCL va mener une série de rencontres pour les encourager à s'approprier ce travail », indique Dominique Chargé, son président. Un défi que la FNCL évoque depuis vingt ans. Rendez-vous dans un an pour en vérifier les avancées.

CLAIRE HUE

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