BIOLAIT FAIT UNE PAUSE DANS LES CONVERSIONS
Après quatre années de forte croissance de la consommation intérieure de lait bio, Biolait tourne son regard vers l'exportation, à la recherche de nouveaux débouchés durables.
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Pourquoi avez-vous mis en oeuvre la maîtrise des volumes en 2012 ?
Christophe Baron : En début d'exercice, la collecte dépassait nos prévisions de 6 %. Dès le mois d'avril, nous avons donc appelé les adhérents à mettre un frein sur les livraisons pour coller à nos débouchés, établis sur la base d'une collecte annuelle de 102 millions de litres. Ce principe de réalité était un test de ce que sera l'après-2015. Nous l'avons réussi, sans contraintes, grâce à la responsabilisation de chacun. Cette réactivité, obtenue à travers l'organisation de réunions délocalisées, a été facilitée par la bonne tenue du cours des céréales et par une stratégie menée avec Unébio, visant à ne pas engorger le marché de la viande bovine. Pour faciliter la mise en adéquation de l'offre et de la demande, nous réfléchissons désormais à créer un outil de prévision de collecte. Car nous devons aussi penser transformation et commercialisation, avec le souci d'être à l'écoute de nos clients pour s'inscrire dans la durée.
Quelles sont les perspectives pour cette nouvelle année ?
C.B. : Notre budget est établi sur une collecte de 125 Ml, une augmentation de volume anticipée qui correspond à la fin de la période de conversion des nouveaux membres. Depuis quatre ans, nous avons profité de la forte croissance de la consommation française pour ouvrir la collecte régionale (Massif central, Bourgogne, Dordogne). Nous restons attachés à ces valeurs de mutualisation et d'aménagement du territoire, mais nous ne pouvons pas faire abstraction du ralentissement de la croissance de la consommation intérieure, passée de 20 % à 5 % aujourd'hui, même si, depuis octobre, nous constatons une reprise de la demande. Le CA a donc décidé au printemps 2012 de faire une pause dans les adhésions pour se concentrer sur la recherche de débouchés. Cette position sera rediscutée en avril lorsque nous aurons une meilleure visibilité sur le marché.
Où trouver une dynamique commerciale pour favoriser les conversions ?
C.B. : En tant que collecteur bio exclusif, nous cherchons toujours à éviter le déclassement de volumes dans la filière conventionnelle. C'est pourquoi nous avons choisi de faire une pause. Car, sans s'arrêter sur le Grenelle qui ambitionne de passer de 2 % du marché à 20 % en 2020, il y a le risque d'une croissance de la production plus rapide que celle de la consommation. Cela implique d'anticiper l'ouverture de nouveaux marchés pour écouler des volumes. En partenariat avec des transformateurs, nous testons depuis un an des débouchés vers l'Union européenne et l'Asie, aussi bien sur la poudre que sur le lait liquide. Pour intégrer de nouveaux producteurs, nous sommes amenés à nous tourner vers l'export. Certains pays n'ont pas un potentiel de production suffisant. Alors, pourquoi ne pas répondre à leurs besoins ? D'autant que l'élevage français bénéficie d'une forte image de qualité et de traçabilité. Nous souhaitons d'ailleurs nous appuyer sur cet atout en instaurant une charte de qualité Biolait.
Sur la base de quel prix payé aux producteurs explorez-vous ces marchés ?
C.B. : Nous restons dans la logique d'un prix du lait bio déconnecté du prix conventionnel. En année de crise, c'est une sécurité et lorsque le prix conventionnel remonte, nous gagnons en compétitivité. Plus que la plus-value, l'important est de trouver un prix qui correspond aux coûts de production de nos fermes. Selon l'Institut de l'élevage, il est de 430 €/1 000 l en moyenne. En 2012, nous serons à 400 €. Néanmoins, dans le cadre de la contractualisation, nous travaillons avec cet objectif. À ce titre, lors de la prochaine AG, nous soumettrons aux adhérents le principe de reconnaissance de Biolait en tant qu'organisation de producteurs transversale, porteuse d'une charte de qualité spécifique.
PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME PEZON
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