PROJET « 1000 VACHES » DANS LA SOMME Le ministère de l'Écologie bloque à 500 animaux
Le dossier devenu politique veut limiter la taille du projet « 1 000 vaches » en coupant la poire en deux. La balle est aujourd'hui dans le camp des porteurs du projet.
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On arrive à l'épilogue du projet « 1 000 vaches » dans la Somme. Retour sur une affaire commencée en février 2011 avec le dépôt du dossier d'autorisation d'exploiter en préfecture. À la suite de l'enquête publique close en octobre 2011, le commissaire enquêteur avait rendu un avis favorable. En avril 2012, le Conseil départemental de l'environnement et des risques technologiques lui emboîtait le pas. Restait au préfet à entériner un dossier sans faille sur le plan réglementaire, notamment le point crucial de la gestion des effluents d'élevage. La rumeur dit que sourd aux arguments et aux manifestations de l'association Novissen fédérant les opposants, il s'apprêtait à signer quand Paris a retenu son stylo.
Retour donc à la case départ pour les porteurs du projet obligés de repartir à l'assaut des ministères concernés dont les occupants avaient, entre-temps, changé de bord à la suite des élections présidentielles.
Lors d'une ultime réunion au ministère de l'Écologie, ils ont compris que le dossier était devenu politique. Pas question pour Delphine Batho, la ministre, de signer pour 1 000 vaches mais pour 500. Pourquoi ce chiffre ? Parce qu'elle ne veut pas entendre, comme l'administration départementale est prête à le faire, que la montée en puissance jusqu'à 1 000 têtes va de pair avec celle des surfaces d'épandage. Les porteurs du projet disent n'avoir aucune difficulté à en trouver dans ce secteur où beaucoup d'éleveurs songent à se spécialiser dans les cultures de vente tout en continuant d'avoir besoin d'amender leurs terres.
Équilibre à 850 VL pour les 12 M€ investis et les quinze salariés prévus
Avec les 1,5 MW du méthaniseur prévu et les déchets fermentescibles qu'il sera nécessaire d'ajouter au lisier des 1 000 VL et leur suite, ce sont effectivement 3 000 ha d'épandage qu'il faudra. Car le ministère ne veut pas non plus qu'une partie du digestat produit parte ailleurs. Il serait pourtant réglementairement possible de la traiter sur une plate-forme de compostage, voire de payer pour s'en débarrasser dans une autre filière.
Les porteurs du projet n'ayant, à ce jour, que 1 500 ha de surface d'épandage, la ministre propose de couper la poire en deux.
D'où le « 500 vaches » avec un méthaniseur, option à laquelle ils tiennent pour des raisons techniques. « C'est un moyen de transformer l'azote organique du lisier en azote chimique dans le digestat, bien plus souple à utiliser sur cultures. Il évite aussi le rejet méthane au-dessus des fosses de stockage », explique Michel Welter, en charge du projet pour le compte de Michel Ramery, ancien agriculteur devenu industriel du BTP qui, depuis vingt ans, investit dans l'agriculture. La balle est aujourd'hui dans le camp Ramery. Acceptera-t-il ce plafond alors que le point d'équilibre de ce projet à 12 M€ (7 M€ pour la ferme, 5 M€ pour le méthaniseur) prévu pour tourner avec quinze salariés, serait de 850 laitières ? À moins que le site ne démarre à 500 vaches en espérant progresser ensuite. Qui dit, par exemple, que les digestats de méthanisation ne seront pas homologués demain comme amendements, et non plus classés comme déchets. Cet objectif suivi par l'Association des méthaniseurs de France pourrait bien faire rebondir le projet « 1 000 vaches ».
JEAN-MICHEL VOCORET
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