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MARCHÉ MONDIAL DES PRODUITS LAITIERS Le débouché chinois devrait rester durable

Depuis la crise de la mélamine de 2008, 77 % des Chinois se disent prêts à acheter des produits laitiers importés.© FEATURECHINA/ROPI-REA

Une consommation qui explose, une production dépendante des intrants importés et des consommateurs méfiants sur les produits chinois : ce cocktail laisse la porte ouverte aux importations, dont le lactosérum d'Europe

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La Chine représente-t-elle une opportunité pour la production laitière européenne ? Ce pays immense, densément peuplé 1,34 milliard d'habitants (140 hab/ km2), affiche une croissance économique insolente (9 % en 2011) qui fait rêver les pays exportateurs. En effet, la Chine a un besoin énorme de matières premières pour alimenter cette croissance, du pétrole bien sûr, mais aussi des produits agricoles. Son solde commercial agroalimentaire, négatif depuis 2006, atteint la profondeur abyssale de 35 milliards de dollars en 2011.

Le pays achète massivement du soja pour ses productions animales (hors sol et bovins). Car les consommateurs chinois s'orientent de plus en plus sur les produits animaux : de la viande de porc majoritairement mais aussi des produits laitiers qui possèdent une image très positive, car appartenant à la pharmacopée traditionnelle. Leur consommation a été multipliée par sept depuis 1978 et atteint 28 l/hab. Pour répondre à cette demande, la filière laitière chinoise s'est fortement développée. De 1985 à 2011, la production de lait a été multipliée par 12, soit 32 Mt pour 12 millions de vaches laitières. In fine, cela ne représente que 5 % de la production mondiale. De plus, cette filière chinoise est en crise depuis 2008 et le scandale de la mélamine. Des stations de collecte peu scrupuleuses mouillaient le lait et ajoutaient de la mélamine pour maintenir artificiellement la teneur en protéine. Résultat : 300 000 nourrissons malades et 6 décès. Les autorités ont réagi par des contrôles, sans empêcher d'autres affaires sanitaires d'éclater en 2011 et 2012. Conséquence, les consommateurs chinois ont perdu confiance dans les produits laitiers « made in China ». 77 % se disent prêts à acheter des produits laitiers importés. Depuis 2008, les importations chinoises ont explosé, en particulier sur les poudres de lait. La Nouvelle-Zélande monopolise ce marché à 81 %. Les importations d'origine française ne pèsent pas plus de 2 %. La France est mieux placée sur le lactosérum qui occupe 55 % en valeur de ses exportations vers la Chine (14 % des importations chinoises). Encouragée par les pouvoirs publics, la filière chinoise tente de réagir. Le prix du lait payé au producteur est motivant (égal au prix français) et les méga-fermes de plus de 500 vaches se multiplient. Mais cette production est fragile car très dépendante des achats extérieurs céréales et soja, mais aussi fourrage grossier (280 000 t de foin des USA en 2011) et vaches laitières laitières (100 000 animaux d'Océanie et d'Uruguay).

Les laits infantiles de l'UE

Tout cela coûte cher, surtout dans la conjoncture actuelle. Même si la Chine achète des fermes à l'étranger (en Nouvelle- Zélande), parions qu'elle restera encore longtemps importatrice de produits laitiers. Si la France a peu de chance d'attaquer la chasse gardée néo-zélandaise sur la poudre de lait, le lactosérum et les poudres de lait infantiles restent des marchés encore très ouverts aux productions européennes car largement plus rassurants pour les consommateurs chinois. Mais les transformateurs français apparaissent moins en pointe que leurs concurrents sur ce marché.

DOMINIQUE GRÉMY

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