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TENDANCE CRIEL DU PRIX DU LAIT Sodiaal sème le trouble

Au coeur des - 5 €/1 000 l demandés par Sodiaal à ses producteurs, la concurrence sans commune mesure à laquelle se heurte le lait MDD 1er prix.© RICHARD DAMORET/REA

Après d'autres, Sodiaal met les pieds dans le plat, contraint par le marché de déroger au principe de moyennisation de la tendance Criel.

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Le syndicalisme est resté quasi muet quand Terra Lacta et Coralis ont pris leurs distances avec la tendance régionale du prix du lait (aujourd'hui « off » pour qui ne siège pas dans les Criel). Délicat il est vrai de tirer sur des coops en grandes difficultés. Épargné aussi le leader national, loin d'être dans le rouge. Lactalisa pourtant à deux reprises, en janvier et août, décroché d'une tranche de flexibilité. Idem pour 3A avant lui, alors que ce dispositif est aujourd'hui dénoncé par certains comme opaque. Le courrier du 31 août adressé aux producteurs Sodiaal, lui, n'est pas passé inaperçu. Le groupe a eu droit à ses communiqués FNPL et JA, et des rencontres de terrain vives fustigeant sa décision : - 5 €/1 000 l sur le lait A de septembre a priori jusqu'en décembre, - 15 €/1 000 l sur le prix B. Pourquoi donc ce « deux poids, deux mesures » patent ?

Probablement parce que le syndicalisme redoutait la contagion. À raison. Il n'a pas fallu huit jours à Lactalis, le Space clos, pour annoncer - 5 €/1 000 l à partir d'octobre, une baisse dénoncée cette fois par la FNPL.

« Oublier les mauvais travers d'hier »

L'ire syndicale contre Sodiaal tient aussi à ce nouveau coup de canon tiré, après d'autres, qui ébranle le principe de moyennisation de la recommandation régionale du prix. François Iches, son président, assume : « Le prix du lait ne peut être que le résultat d'un marché. Nous avons évidemment besoin d'un étalon (NDLR : la tendance Criel), mais aussi de plus de souplesse pour prendre en compte la réalité du mix-produit fin des entreprises. »

Difficile, il est vrai pour Sodiaal, sauf à retomber dans le rouge, de ne pas réagir quand sur un marché qui draine un tiers de votre lait, vous êtes contraint de vous aligner sur le moins-disant pour maintenir vos volumes.

C'est l'histoire du lait UHT qui a vu les Allemands de la Muhrépratiquer des prix de dumping en MDD 1er prix, suivis par des acteurs français. La baisse aurait atteint jusqu'à 60 €/1 000 l traduite en prix du lait à la ferme.

Pourquoi ne pas avoir emprunté pour passer ce cap, puisque la situation financière de Sodiaal est présentée comme saine ?

« Si les coops veulent jouer leur rôle, comme les autres acteurs de la filière, elles doivent oublier les mauvais travers d'hier et montrer que l'on peut avoir des résultats durablement positifs. » Ceux de Sodiaal ne le sont que depuis cinq ans et de peu. Double raison donc pour justifier ce plan décidé pendant l'été pour tenter de combler le trou généré par cette concurrence sur le lait UHT. La rumeur parle d'un manque à gagner d'au moins 20 à 30 millions d'euros. « Les - 5 demandés aux producteurs représentent un tiers de l'effort total de l'entreprise. Le reste sera partagé entre les équipes commerciales et des économies structurelles immédiates au sein du groupe. »

Même nouvelle logique pour les - 15 €/1 000 l. Sodiaal ne veut plus acheter le lait B trop cher par rapport à une valorisation beurre-poudre estimée surévaluée. Le débat a été initié par la FNCL depuis plus d'un an. Un rapport officieux a montré qu'il existait un différentiel moyen de 15 €/1 000 l. Faute d'arbitrage interprofessionnel, Sodiaal a décidé d'ajuster unilatéralement sa grille.

À qui le tour maintenant ?

JEAN-MICHEL VOCORET

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