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SODIAAL Le plus dur reste à faire après la « digestion » d'Entremont

La filiale Eurosérum, dopée par le marché très rémunérateur des poudres de lactosérum en 2011, a tiré vers le haut les résultats de la division poudres et ingrédients, plombée par Nutribio.© J.M.-V

Sodiaal, élargi à Entremont, finit son premier exercice dans le vert. Reste au groupe à gagner en rentabilité.

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La vie de Sodiaal n'est pas un long fleuve tranquille. Sortie du rouge en 2007, sur le chemin d'une rentabilité croissante depuis, la coopérative a eu à gérer en 2011 une étape délicate pour mettre le pied en Bretagne : acquérir Entremont. Le défi était de taille. L'emmentaliste était dans une situation économique très difficile. Il s'agissait aussi de réussir la greffe de 4 500 producteurs (4 100 en Bretagne, 400 dans l'Est et en Auvergne) et, avec eux, gérer 1,8 milliard de litres en plus. Qu'on se le dise, Sodiaal n'a pas failli. N'en déplaise à ceux qui continuent de lui coller sur le dos l'image d'un groupe incapable de gérer ses affaires. Au terme de son premier exercice avec 5, 17 milliards de litres transformés (dont 4,1 milliards de ses 12 637 sociétaires), Sodiaal dégage un résultat courant de 13,3 M€. La performance modeste, pour un chiffre d'affaires passé de 2,6 à 4,4 milliards d'euros, est à juger au regard des 7 M€ gagnés en 2010 par la coopérative et les 20 M€ perdus par Entremont la même année.

« Un endettement important mais supportable »

L'endettement du groupe a aussi progressé avec la reprise de celui d'Entremont (281 M€). Il est passé de 19 M€ fin 2010 à 244 M€ fin 2011, dont 91 M€ prêtés par Général Mills lors de l'achat d'Entremont, à valoir sur les royalties versées à Sodiaal par Yoplait depuis juillet 2011. « C'est un montant important mais supportable vu la taille actuelle du groupe », a commenté son directeur financier lors l'assemblée générale du 21 juin. Sodiaal a aussi un argument de poids dans son haut de bilan pour garder la confiance des banques : la marque Yoplait évaluée à 182 M€ et celle de Candia qui bien que dépréciée de 37 M€, pèse encore 46 M€. Difficile de savoir précisément quel poids les neuf business units du groupe ont dans le résultat de 2011. Depuis deux ans, ne sont dévoilés que des résultats globaux par branche d'activité. Concernant les +18,4 M€ des fromages, on retiendra qu'Entremont (27 % du lait) est presque à l'équilibre et devrait, dès 2012, ne plus perdre d'argent, objectif initialement prévu pour 2013. Monts et Terroirs, filiale dédiée aux fromages AOC-IGP, a sorti un EBE de + 7 M€. De CFR, codétenu avec Bongrain, on en déduira qu'elle a été nettement profitable grâce à la résistance de ses marques (Le Rustique et Coeur de Lion) dans un contexte difficile. L'activité lait de consommation et beurre est à l'équilibre (+ 0,1), avec un Candia (28 % du lait) à peine positif et un Beuralia (3 % du lait) à peine négatif. Les poudres et ingrédients à + 0,9 M€ reflètent de fortes disparités. Nutribio, filiale dédiée aux produits diététiques et poudres de lait infantiles, a perdu 10 M€, « inacceptable sur un marché aussi porteur à l'export ». La direction de Sodiaal y a mis bon ordre pour redresser la barre. Régilait (2 % du lait), pépite un peu oubliée qui ne demande que des moyens pour se développer sur le secteur porteur des laits en poudre et concentrés, termine à l'équilibre. C'est Eurosérum (10 % du lait) qui grâce à la très bonne tenue des cours du lactosérum, tire au final dans le positif l'activité poudre et ingrédients. Yoplait (11 % du lait) enfin pour le créneau des produits frais a rapporté 6 M€ de royalties déduits de l'avance de Général Mills.

JEAN-MICHEL VOCORET

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