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BONGRAIN N'APPLIQUE PAS LE SYSTÈME DES PRIX ET VOLUME « B »

Robert Brzusczak 58 ans, est vice-président-directeur général délégué de Bongrain et directeur général de la filiale Compagnie laitière européenne. Il est entré dans le groupe en 2000, après avoir dirigé Sodiaal-Industrie pendant sept ans. Il est à la tête de 3,5 milliards de litres collectés, dont 2,4 milliards en France. Cinq coopératives françaises assurent la collecte de la moitié, dont la plus importante, Agrial, qui a un contrat de 980 millions de litres. Le groupe Bongrain achète le lait

Le groupe Bongrain croit à un prix moyen français compétitif, connecté au prix allemand. Il est d'accord pour proposer des volumes supplémentaires aux producteurs, mais au rythme des marchés.

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Pourquoi défendez-vous régulièrement la mise en place d'outils permettant aux producteurs de mieux résister aux aléas du marché ? Quel est votre intérêt ?

Robert Brzusczak : Les marchés sont aujourd'hui porteurs. Personne n'aborde le problème de la fluctuation des prix qui sera de plus en plus le quotidien des éleveurs. L'Union européenne prévoit un processus d'aides et le repli des volumes si le prix du lait chute de 30 %. C'est un dispositif intéressant mais le fonds alloué sera probablement vite dépensé. Des compléments nationaux seront nécessaires. Ce n'est pas sûr que tous les États membres répondent présents. Il faut réfléchir à d'autres mécaniques. Une assurance-revenu contractée auprès d'un assureur privé paraît compliquée. Des mesures fiscales ou une caisse de péréquation seraient plus appropriées. Dans le premier cas, ce pourrait être par exemple la mise en réserve, en conjoncture favorable, d'une partie du revenu qui serait dispensée de charges sociales et d'impôts. Ce revenu serait taxable le jour où il serait utilisé. Je discute de ces pistes dans un groupe informel constitué de plusieurs transformateurs français. Les transformateurs ont besoin d'une relation stable avec leur amont.

Le groupe Bongrain n'applique pas le système de prix et volumes différenciés. Est-ce une position définitive ?

R. B. : Nous le ferons si nous y sommes contraints. Néanmoins, nous ne sommes pas favorables à un tel système. Il n'y a aucune garantie d'étanchéité entre le prix A et le prix B, avec le risque de casser le marché. Rappelons que le prix du lait est fait avec les derniers volumes produits. Or, aujourd'hui, 15 % du lait français est en situation fragile et ne trouve pas de débouchés correctement valorisés. Soyons donc très prudents. Les coopératives partisanes de ce système mettent en avant la conquête des marchés mondiaux. Or, le pilotage des volumes de leurs adhérents est également un axe essentiel pour le prix du lait en France. Bongrain défend un prix du lait moyen français compétitif. La connexion au prix allemand lui convient.

Pourtant, les producteurs ont besoin aujourd'hui de lait en plus pour au moins maintenir leurs résultats.

R.B. : Nous ne sommes pas opposés à des volumes supplémentaires, mais nous voulons qu'ils soient en adéquation avec le marché. Dans l'Ouest, notre filiale CLE vient d'augmenter sa capacité de transformation de 240 Ml pour le marché des ingrédients. Cela lui a permis d'absorber l'achat de 73 Ml en plus en 2011 et autant en 2010 (voir p. 15). La CLE entame un nouveau programme pluriannuel d'investissements d'un total de 40 M€ pour ses sites de Loudéac, Pontmain et Saint-Brice-en-Coglès. Hors CLE, le groupe augmente de 30 à 40 M€ son enveloppe annuelle d'investissements, traditionnellement à 100 M€. Il modernisera ses sites français, en bonne partie saturés, et hors Hexagone.

Comment envisagez-vous la relation avec vos producteurs à l'avenir ?

R.B. : Comme je l'ai déjà dit, nous avons besoin d'une relation stable. C'est pour cette raison que le groupe signe un contrat de sept ans avec les 3 700 producteurs qu'il collecte directement (douze ans pour les JA), renouvelable tous les cinq ans. Comment mener à bien des projets ensemble si elle ne repose pas sur des bases durables ? L'impact environnemental de nos produits (empreinte carbone, biodiversité, etc.) en est un qui nous tient à coeur. CLE-Bongrain y travaille depuis 2009. Cette année, il souhaite déployer sa démarche « Production laitière durable » auprès de 400 producteurs européens, dont 300 français (y compris ceux en coopératives), puis tous les ans auprès de 600 producteurs européens, tous volontaires. Elle ne s'accompagne pas de prime. Les actions qu'adoptera l'éleveur doivent s'assortir d'un impact économique positif.

PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE HUE

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