CONTRACTUALISATION Lactalis tente le passage en force
Refus d'un contrat cadre avec les OP et ultimatum au 31 mars pour les producteurs : Lactalis montre ses muscles.
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Début février, cinquante groupements de producteurs livrant à Lactalis demandaient la poursuite des négociations avec le groupe laitier. Leur objectif : « Être des partenaires économiques dans le cadre d'une relation contractuelle », et notamment revoir la seconde proposition de contrat de l'entreprise. Quinze jours plus tard, la réponse de Lactalis s'est faite sous la forme d'un courrier à tous les présidents de groupements. Ils y ont découvert une convention de fonctionnement formalisant les relations entre ces dits groupements et l'entreprise. Cette convention a, bien sûr, été élaborée sans concertation avec les représentants des groupements. On y retrouve ce qu'a toujours voulu Lactalis : le groupement de producteurs n'a pas vocation à s'intéresser aux relations contractuelles entre le producteur et son entreprise.
« Il n'y aura pas de troisième version du contrat »
Lactalis ne signe des contrats qu'individuellement avec ses producteurs. Le groupement n'est qu'un lieu d'échange et de consultation « pour évoquer ensemble l'actualité, les compléments de prix ». Après les quotas, on y parlera aussi de la répartition des volumes déterminée par l'entreprise et de l'utilisation du montant des pénalités pour dépassement. Bref, du Lactalis pur jus dans sa relation avec ses producteurs. D'ailleurs, ceux-ci ont reçu une lettre qui dit clairement que le contenu du contrat ne sera pas discuté avec les organisations de producteurs : « Et il n'y aura pas de troisième version du contrat. » Lactalis annonce avoir eu « un retour significatif de contrats signés », tout en se gardant bien d'en dévoiler le nombre. Ceux qui n'ont pas encore signé sont promptement avertis qu'au 31 mars, les guichets seront fermés et que « l'entreprise n'acceptera plus de nouvelles signatures ». Arrive ensuite les menaces, avec plus ou moins de sous-entendus. « Nous vous rappelons que le contrat sécurise vos débouchés pendant cinq ans. » Ceux qui ne signeront pas subiront un paiement par décade au 10, 20 et 30 du mois. Par ailleurs, « les primes ou compléments de prix qui sont à l'initiative de l'entreprise seront, à court terme, exclusivement versés aux producteurs signataires du contrat ». Tollé du syndicalisme majoritaire, accusé aussi par Lactalis de ne pas faire respecter l'accord interprofessionnel sur le prix du lait.
DOMINIQUE GRÉMY
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