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LE DÉBAT CONTINUE SUR LA NOTION DE VOLUMES ET DE PRIX B

Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), et président de l'interprofession laitière (Cniel). Il présidera pour la dernière fois à Verdun, les 15 et 16 mars prochains, l'assemblée générale de la FNPL. Il en avait pris la tête en 2002. Henri Brichart est producteur de lait dans l'Aisne, dans le bocage de la Thiérache.© D. G.

Le président de la FNPL reste attentif à l'attitude de certaines coopératives à la conquête de marchés et d'attribution de volumes. Il attend une réflexion interprofessionnelle sur cette équation volume/prix.

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Comment expliquez-vous cette nouvelle défiance envers les coopératives ?

Henri Brichart : Les coopératives existent dans l'intérêt des producteurs, mais cela n'ôte pas le droit au syndicalisme de les titiller. Ce n'est pas général, loin de là, mais certains coopérateurs s'interrogent ou ne se retrouvent pas dans le fonctionnement de leur structure. Avec la fin des quotas, nous entrons dans un monde nouveau qui s'articulera autour de la contractualisation. Dans ce cadre-là, les entreprises privées prennent des engagements vis-à-vis de leurs producteurs sur des volumes et des prix. Les adhérents des coopératives ne comprendraient pas que leurs entreprises ne soient pas tenues à un même engagement. Nous refusons le schéma de la coopérative qui se réfugierait derrière l'obligation de collecte et de l'apport total de ses adhérents avec comme variable d'ajustement, le prix du lait. C'est une solution de facilité sans obligation de résultats. Nous disons aussi aux coopératives de ne pas autoriser leurs producteurs à produire n'importe quel volume au risque de déstabiliser toute la filière. Il y aura une réflexion à mener autour du statut des coopératives et de cette notion d'apport total.

Plusieurs coopératives mettent en place un prix B et demandent à revoir son calcul, comment réagissez-vous ?

H. B. : La FNPL s'est positionnée, il y a deux ans, en admettant que cette notion de prix différenciés peut avoir un sens. Car il n'y aura pas toujours adéquation entre des producteurs qui souhaitent produire davantage et les transformateurs qui répondent aux marchés. Des entreprises ont déjà mis en place ce double prix mais nous constatons que l'équation devient de plus en plus complexe au niveau des exploitations. Ainsi, en intégrant la saisonnalité, des producteurs qui ne dépassent pas leur volume A se voient payés au prix B. Quant à revoir le calcul de la valorisation beurre-poudre qui sert de base au prix B, interrogeons-nous plutôt sur ce qui peut être encadré par l'interprofession et ce qui est du ressort de l'entreprise et de ses producteurs. La valorisation sur les marchés d'excédents est très différente d'une entreprise à l'autre et je ne vois pas comment négocier cela au niveau du Cniel. Nous engagerons un débat, notamment avec la FNCL, sur le besoin d'investissement des entreprises qui sont à la recherche de nouveaux marchés. Mais notre position est claire : ces investissements n'ont pas à être financés par le prix du lait. Pourquoi ne pas proposer aux producteurs une entrée supplémentaire au capital social de la coopérative ? Dans le même temps, nous sommes face à des transformateurs privés qui, dans un contexte de marché porteur, ne donnent aucune souplesse à leurs producteurs. Face à ces attitudes, zéro volume supplémentaire ou velléité d'aller vers un prix C, il faudra situer le rôle de l'interprofession.

Comment voyez-vous les initiatives d'OP transversales ?

H. B. : La FNPL a défendu un mode d'organisation verticale attaché à l'entreprise par pragmatisme et souci d'efficacité. Mais nous soutenons les initiatives qui viseraient à créer des AOP (association d'organisations de producteurs) dites horizontales au niveau d'un bassin, en particulier dans les zones de déprise où il faut envisager la possibilité pour les producteurs de changer d'entreprise. Mais si les producteurs souhaitent négocier volumes et prix avec les transformateurs à l'échelle d'un bassin, le transfert de propriété à l'AOP me paraît indispensable, d'autant que les coopératives sont opposées à toute adhésion à une AOP. Nous défendons aussi une autre forme d'AOP horizontale sans doute plus facile à construire mais qui n'interviendrait pas dans la négociation du contrat entre les producteurs et les entreprises. Son rôle serait de donner des orientations sur la gestion des volumes et leur répartition à l'intérieur de chaque entreprise : priorité au JA, etc.

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE GRÉMY

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