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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FNPL Les producteurs en reconquête de valeur

Les besoins de réassurance des consommateurs vis-à-vis des produits laitiers portent tous, ou presque, sur des domaines du ressort des éleveurs.© CLAUDIUS THIRIET

Derrière la quête de valeur ajoutée pour les PGC France, conduite depuis 2013 par la FNPL, se joue l'avenir de l'interprofession laitière.

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Les industriels privés chantent le même refrain depuis des lustres quand les producteurs les questionnent sur la valorisation des PGC France : « La valeur ajoutée, ça se crée, ça ne se partage pas. » Si la pilule pouvait encore passer quand le prix du lait se tenait, elle reste en travers de la gorge avec la crise.

La FNPL qui, depuis 2013, a recentré sa stratégie de défense du prix du lait autour de la valorisation du marché intérieur, est d'autant plus amère que l'image de la production nationale est utilisée par les mêmes industriels pour appuyer leurs marques à l'export. Le syndicat l'est plus encore d'avoir vu, lors des tables rondes de 2015, la préservation du modèle d'exploitation à la française servir de justificatif auprès des GMS pour revaloriser les tarifs des transformateurs... mais sans que les producteurs n'en aient eu le juste retour à ses yeux.

« Quand Lactalis fabrique et vend du camembert en Australie, il met en avant la France et la fabrication traditionnelle normande. Quand Savencia exporte du brie aux États-Unis, c'est sous la marque Ile de France et avec un drapeau français. Si ça, ce n'est pas de la valeur... », a expliqué André Bonnard, secrétaire général de la FNPL.

Réussir à capitaliser sur le savoir-faire des éleveurs

On l'a compris lors de son assemblée générale, le syndicat est bien décidé à tenter de remettre la main sur cette valeur ajoutée créée par les producteurs. Il est conforté en cela par une étude du Cniel sur les attentes des consommateurs et des GMS. Elle pointe du doigt que leurs besoins de réassurance portent en priorité sur l'alimentation, la santé, le bien-être des animaux et la traçabilité. Des domaines tous ou presque du ressort de l'amont. Autant de points qui se retrouvent dans la charte des bonnes pratiques à laquelle souscrivent 95 % des élevages laitiers et qui pourrait servir de base. « Elle mériterait juste d'être explicitée pour mieux parler aux consommateurs », conclut l'étude. Le défi est posé. Il s'agit de réussir à capitaliser sur ce savoir-faire des éleveurs français pour créer de la valeur avec un double espoir : côté producteurs, qu'elle leur revienne, côté transformateurs, qu'elle leur permette, sur le marché national, voire à l'export, de garder ou de capter des consommateurs.

Le Cniel au pied du mur

Mais qui va donc relever ce défi ? En toute logique, ce devrait être un cheval de bataille pour l'interprofession. Sauf que, depuis des mois, le torchon y brûle entre la Fnil et les producteurs. Le refus de Lactalis de signer la charte des valeurs est un signe qui ne trompe pas. « Si le Cniel doit se résumer à la promotion et la qualité du lait et ne plus parler d'économie, la part du financement des producteurs (trois quarts du budget) doit être revue. Et l'argent économisé investi dans la structuration de nos OP », a-t-on entendu. « Pourquoi pas un Cniel sans la Fnil, autour des producteurs, de la coopération et des GMS ? » a proposé, provocateur, un producteur. « Ce n'est pas en isolant la Fnil que l'on construira une interprofession forte, capable de relever les défis devant nous », lui a répondu le président de Sodiaal.

JEAN-MICHEL VOCORET

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