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IMPORTATIONS ALLEMANDES DE LAIT MDD ET PREMIER PRIX La MUH gagne toujours du terrain

La MUH, coopérative allemande, continue de faire du mal et de prendre des parts de marché aux industriels français du lait de consommation.

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Les résultats de la filière française du lait de consommation ne sont pas brillants. En deux ans et quatre mois, ce sont 171 millions de kilos de lait qui ont été « perdus », l'équivalent de 570 exploitations à 300 000 kg de quota. Principal acteur de ce marché, le groupe Sodiaal-Orlait annonce un recul de 150 Ml sur son périmètre actuel de 1,1 milliard de litres de MDD et 1er prix vendus en France. S'y ajoutent des pertes de parts de marché à l'export de 50 Ml sur les 230 Ml de MDD et 1er prix exportés par Candia. Pour Sodiaal, comme pour les autres transformateurs français, se pose ouvertement la question de la rentabilité d'outils de conditionnement qui ne tournent plus à plein régime.

L'origine du mal est à chercher en Allemagne dont les exportations vers l'Hexagone ont bondi pour le lait demi-écrémé UHT, le coeur du marché. 66 Mkg de lait en 2008, 116 Mkg en 2009, 155 Mkg en 2010, et la progression continue. On atteint en avril 166 Mkg importés sur un an. Le lait français cède aussi du terrain à l'export sur l'un de ses débouchés traditionnels, l'Italie.

Les producteurs de la Muh sont parmi les moins payés

Ce boum des importations allemandes du lait MDD et 1er prix n'est pas le fait du hasard.

D'ailleurs, plutôt que d'importations allemandes, il faut parler d'exportations d'une entreprise, la Muh. Son usine de Pronsfeld, au nord-ouest du Luxembourg, à 140 km de notre frontière, est une véritable arme de guerre. Elle est utilisée comme telle pour conquérir des marchés dans l'UE. Elle peut conditionner 1 milliard de litres de lait.

Que des briques en carton, ou presque. Cela lui confère un avantage compétitif indéniable face aux 52 sites français pour 3,6 mdl (300 Ml pour les plus importants) et qui travaillent aussi en bouteilles, comme l'exige le marché français. Cet avantage se chiffrerait*, en moyenne entre une usine française de 250 Ml et la Muh, à 1 milliard de litres à 20 €/1 000 l. Ajouter à cet effet de taille celui de la matière première. Certes, l'écart, très sensible durant l'année 2009 avec le prix du lait français, s'est beaucoup réduit. Mais la coopérative de Pronsfeld est parmi les entreprises à payer le moins en Allemagne (0,31 €/kg en moyenne de janvier à avril 2011 contre 0,331 €/kg en Allemagne pour du lait à 40/34). Vu les prix pratiqués par la Muh, certains industriels français s'interrogent aussi sur un éventuel soutien national ou régional dont elle jouirait pour conquérir les marchés.

C'est grâce à cela que la Muh continue de séduire des GMS, trop contentes de contrer la massification de l'offre hexagonale. Depuis la prise de contrôle d'Orlait par Sodiaal et celle de Toury par le Glac, ces deux opérateurs, plus Lactalis, pèsent 90 % du lait MDD et 1er prix vendu. Reste à savoir combien de temps les producteurs de la Muh accepteront d'être parmi les moins bien payés d'Allemagne… eux qui, avant 2008, étaient parmi les mieux lotis.

JEAN-MICHEL VOCORET

(*) Selon le rapport Mac Kinsey (L'Éleveur laitier de mai).

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