CHARTE LAITIÈRE DE VALEURS DE LA FNPL Les distributeurs signent les premiers
Coup de com ou réel engagement à défendre le prix du lait ? Côté coopératives, on s'interroge encore. Côté privés, pas de commentaires.
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La scène est étonnante : l'ensemble de la grande distribution (Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, Leclerc, Lidl et Système U) réuni à la Maison du lait autour de Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, pour signer la Charte de valeurs portée par ce syndicat. La main sur le coeur, ces géants économiques, souvent qualifiés de requins de la filière, s'engageraient donc à défendre le prix du lait payé aux producteurs. Ou plus officiellement à « partager équitablement les risques de volatilité des prix ». Les mots sont importants pour passer entre les mailles du droit de la concurrence. Concrètement, ces signataires devraient négocier avec leurs fournisseurs « un prix de la matière première offrant une valeur d'équilibre équitable pour les éleveurs. En cas de désaccord, un médiateur recueillerait les informations des contrats ». Serge Papin, PDG de Système U, a été plus direct : « Nous permettrons aux transformateurs une valorisation à 340 €/1 000 l sur le lait entrant dans la fabrication des produits que nous distribuons. »
Soyons clairs : les PGC vendus en GMS n'avalent que 36 % de la collecte française (1). Les 64 % restants demeurent soumis à la dépression des marchés mondiaux (valorisation beurre-poudre à 200 €/t), à la concurrence européenne (250-260 €/t) et à l'opacité de la RHD. Mais sanctuariser une grande partie du marché des PGC, c'est déjà ça. Reconnaissons que c'est aussi un joli coup pour la FNPL et, sans aucun doute, l'occasion pour les distributeurs de se refaire une virginité. Et les transformateurs ? Entreront-ils dans la boucle avec autant d'enthousiasme ? Le jour même, la FNCL (les coopératives) se fendait d'un communiqué annonçant que « les négociations commerciales 2016 avec les GMS se déroulent dans un contexte délétère et d'une extrême tension avec des demandes à la baisse ». La réponse des distributeurs est cinglante : « Ces déclarations font partie de la manipulation quotidienne des transformateurs pour ne pas reverser les hausses de tarifs aux éleveurs. » Car en signant cette Charte de valeurs, les GMS ont remis sur la table leurs efforts déjà concédés en 2015 et le retour « très partiel » dont ont bénéficié les éleveurs. Ambiance.
Le pari de Sodiaal
En coulisse, on nous confie que les lignes bougent du côté des distributeurs. Des contrats tripartites sont signés, certains parlent même d'associer les producteurs aux négociations. Cette charte, avec la transparence qu'apporterait le médiateur, irait dans ce sens. C'est en tout cas le pari de Sodiaal qui a payé le lait A 300 € en janvier, bien au-dessus des indicateurs du marché, espérant une stabilité de ses tarifs avec la grande distribution. Sodiaal, comme la FNCL, « soutient la Charte de valeurs de la FNPL », mais ne signera qu'après les résultats des négociations. Pour s'assurer que les bonnes intentions se concrétisent ? Quant aux industriels privés, pas de commentaires de leur part. Ils ont certainement d'autres arguments que leurs éleveurs à défendre dans les box de négociation.
DOMINIQUE GRÉMY
(1) Sur 10 l collectés, 4 l sont exportés, 0,6 l part en RHD, 1,8 l à l'industrie et 3,6 l aux PGC.
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