En Irlande « De l'herbe et des paddocks à perte de vue »
Pendant sept mois, nous allons vous rapporter les impressions de groupes d'étudiants du pôle de formation de Bernussou (chambre d'agriculture de l'Aveyron), qui ont séjourné dans des exploitations laitières d'Europe, sélectionnées par l'équipe pédagogique.
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Nous étions quatre étudiants répartis dans le sud de l'Irlande, trois près de Waterford et le dernier non loin de Cork. Nos exploitations d'accueil comptent entre 90 et 200 vaches traites. Pour tous les systèmes, la dominance de l'herbe est l'élément le plus marquant, avec des rendements de 14 à 18 tonnes de matière sèche par hectare. Cette production massive de l'herbe et sa valorisation par le pâturage entraînent des coûts alimentaires faibles. De plus, la production de lait n'est pas handicapée par des charges de structure trop importantes. Dans ces systèmes où domine le pâturage, point besoin de bâtiments imposants ou innovants. Dans l'ensemble, ils sont assez vétustes, simples et réaménagés selon les besoins.
DES ÉLEVEURS PAS TOUS PRÊTS À PRODUIRE PLUS
Mais l'une des contraintes majeures en Irlande reste le prix du foncier très élevé. Il se situe entre 20 000 et 30 000 € l'hectare ! Deux des quatre fermes qui nous accueillaient fonctionnent sur un modèle familial sans main-d'oeuvre extérieure, alors que les deux autres emploient des salariés (entre 1 et 5) avec des associés qui se présentent comme « manager ». Ces exploitations sont de tailles plus importantes avec une organisation du travail très cadrée. À la suite de l'arrêt des quotas, contrairement à ce que nous avons pu lire dans la presse, les ambitions paraissent contrastées. Nos éleveurs ne semblaient pas être prêts à augmenter massivement leur production de lait. Ceci est à relativiser avec une moyenne de production déjà élevée : 875 000 l par exploitation. Ainsi, pas si sûr que les 50 % en plus seront atteints en 2020 !
LE PÔLE DE FORMATION DE BERNUSSOU
La production laitière irlandaise est marquée par la dominante du pâturage, même avec des troupeaux de plus de 100 vaches.
PAS DE SOUCI POUR ACCÉDER AUX PRÉS Dès février, les vaches laitières retrouvent la pâture jour et nuit après trois mois en bâtiment. Les chemins d'accès aux paddocks doivent être parfaitement conçus afin de supporter le passage quotidien des animaux. Le sol est creusé à 30 cm de profondeur, puis 40 cm de grosses pierres sont ajoutées, le tout est compacté. Enfin, 3 à 4 cm de fins cailloux sont disposés à la surface et tassés de la même façon. Le chemin est prêt ! De plus, des clôtures électriques avec les poignées d'entrée aux paddocks ferment le chemin d'accès pour permettre aux vaches de retourner à la pâture sans l'éleveur.
200 VACHES TRAITES EN UNE HEURE ET DEMIE Chaque salle de traite présente la même organisation : deux quais avec nourrisseurs individuels, en épis, branchement par l'arrière, simple équipement allant de 8 à 24 postes. Entre les postes, nous trouvons des tuyaux d'arrosage pour laver les mamelles et/ou les griffes en fin de traite, ainsi que les sprays de post-trempage. Différents systèmes permettent de séparer le lait (antibiotique, cellules, fraîche vêlée) : double lactoduc ou salle de traite « à bocaux ». Grâce à ces systèmes, les éleveurs gagnent du temps en n'utilisant pas de bidons. La préparation des vaches est très succincte, voire inexistante mais nous n'avons pas constaté de problèmes de cellules.
UNE POIGNÉE DE FABRICATION ARTISANALE Elle a été réalisée à l'aide de tuyaux à eau. Plusieurs systèmes d'exploitations sont utilisés : paddocks journaliers adaptés à la taille du troupeau, paddocks jour/nuit ou gestion au fil.
UN RACLEUR « CHIEN ÉLECTRIQUE » Ce racleur permet de remplacer le chien électrique au moment de la traite pour l'avancement des vaches. De fabrication artisanale, il comporte deux barrières fixées au-dessus. L'agriculteur gagne du temps, il n'a pas besoin d'aller pousser les vaches. Seul inconvénient, contrairement au chien électrique, il n'est pas automatisé lorsqu'il fonctionne de cette façon. Il n'y a pas de détecteur pour les vaches. L'éleveur doit le démarrer et l'arrêter lui-même au fur et à mesure de la traite.
UNE BARRIÈRE FLOTTANTE PRATIQUE Une idée ingénieuse : l'ouverture verticale et non horizontale d'une barrière. Cela évite d'encombrer le passage. Elle est légère à manipuler et impossible à ouvrir pour les animaux. La partie supérieure est fixée à l'aide d'une charnière lui permettant de pivoter. Le contrepoids assure l'élévation de la barrière. Elle reste fermée à l'aide de verrous classiques, de chaque côté, en bas.
MÊME PAS SEVRÉS, TOUT LE MONDE DEHORS ! À partir de 6-8 semaines, les veaux vont à la pâture en gardant un repas de lait par jour puisqu'ils sont sevrés à l'âge de douze semaines. L'outil utilisé est un chariot à lait muni de 50 tétines de type « Milkbar », tracté par un quad jusqu'à la pâture. Généralement, le lait à comptage cellulaire élevé est dérivé en salle de traite directement dans le chariot. De plus, ils ont à leur disposition un concentré à base de céréales. Le chariot peut être mis de niveau avec une manivelle afin que tous les veaux disposent du lait de façon homogène. Le temps d'adaptation des petits est rapide.
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