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CONCURRENCE SUR LE MARCHÉ MONDIAL Pourquoi le Brésil laitier n'est pas à craindre à court terme

Grâce au programme de soutien technique « Balde cheio » (seau plein, en portugais), Benedito Ramos et sa femme, Vera Lucia, ont fait progresser leurs trente holsteins x zébus de 12 à 17 l de lait par vache et par jour.

Le Brésil tend à intensifier sa production avec des fourrages et une génétique animale toujours mieux adaptés au milieu tropical. Mais beaucoup d'exploitations ne sont pas spécialisées en lait.

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On connaît le potentiel agricole exceptionnel du Brésil et le succès croissant de ses viandes à l'export. La filière laitière suit-elle la même voie ? Pas sûr. Du moins pas à court terme. Certes, la recherche a développé des techniques de production mieux adaptées au milieu tropical et adoptées par un nombre toujours plus important de producteurs. Mais certains experts, comme Vidal Pedroso de Faira, de l'école supérieure d'agriculture Luiz de Queiroz, constate « la persistance de carences qui datent de plusieurs décennies. Il y a une stagnation non pas de la production, en hausse du fait de l'augmentation numérique du cheptel, mais des concepts même de production. Résultat, la majorité des élevages a une productivité faible ».

Une marge de progrès importante chez beaucoup

« En général, seule une vache sur trois produit du lait et je relève des indices entre 0,2 à 0,4 VL/ha. Si les deux tiers du cheptel est improductif, cela veut dire que l'éleveur voit davantage son bétail comme un capital qu'un outil de production. Il garde un troupeau important car celui-ci est facile à vendre. L'IA est par ailleurs rarement pratiquée. 80 % des taureaux utilisés pour la monte sont des zébus, inadaptés à une production de lait commerciale », regrette-t-il. « Notre production actuelle est bien en deçà de notre potentiel », confirme Artur Chinelato de Camargo, responsable du programme de soutien technique gratuit aux petits producteurs, baptisé Balde cheio (« seau plein », en portugais).

« Pour beaucoup, le lait est une activité parmi d'autres. En produisant plus, ils voient que le lait seul est viable, même sur leurs petites propriétés. » Les fermes qui participent à ce programme ont 20 ha de SAU en moyenne. « Nous réussissons à y multiplier la production entre douze et quinze fois », prétend-il. Témoin, la ferme de Benedito Ramos et sa femme, installés sur 17 ha au nord de São Paulo. Leurs trente holsteins x gir (zébus) produisent 520 l/j… 170 l de plus qu'il y a un an. « Nous avons enrichi les rations et divisé un pré de 1,8 ha en vingt-six microparcelles, raconte Benito. Notre but est d'atteindre 1 000 l/j d'ici à un an. » Les 145 000 l vendus au prix moyen de 0,28 €/l assurent au couple, charges déduites, un revenu de 18 500 € pour se rémunérer et investir.

Des noyaux d'éleveurs déjà très performants

Il existe aussi au Brésil de vrais bassins laitiers avec des producteurs très bien équipés et performants. Ainsi, dans les États du Goias, Minas Gerais et Paraná, on retrouve les vingt communes les plus grosses productrices de lait du pays. Toutes doivent leur réussite en partie à l'implantation locale d'industries assurant un débouché valorisant.

Pas de doute : le Brésil dispose des ressources pour devenir exportateur net de produits laitiers. Le parcours de certains laisse croire qu'il pourrait y arriver plus vite que prévu. Mais la stagnation générale des modes de production montre que la filière ne répond pas aussi facilement à une logique de croissance industrielle.

MARC HENRY

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