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PLAN DE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE LAIT Analyser d'abord les forces et les faiblesses

Le marché qui s'annonce plus favorable pour le beurre et la poudre pourrait stimuler les réflexions interprofessionnelles.© CHRISTIAN WATIER

Les trois familles de l'interprofession se sont entendues pour donner au ministre un diagnostic de leur filière avant d'engager le plan d'actions.

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Le ministre de l'Agriculture avait surpris en prenant l'initiative d'annoncer un plan de développement pour la filière du lait, lors de l'assemblée générale de la FNPL, en avril dernier. L'étonnement fut double quand les trois familles de l'interprofession apprirent qu'elles avaient un mois pour apporter leurs propositions dès le 15 mai avec, comme cahier des charges, la compétitivité de la filière française au sein de l'Union européenne et le maintien de la production sur tout le territoire. Rien de moins. Les présidents (FNIL, FNCL, FNPL) ne sont pas tombés dans le piège qui aurait consisté à apporter, chacun, un catalogue de doléances. « Si nous voulonsun vrai plan d'avenir, il nous faut, au préalable, un diagnostic sans complaisance des forces et des faiblesses de la filière. Un diagnostic qui explore tous les segments et qui soit partagé par les trois familles de l'interprofession. Nous sommes tous d'accord là-dessus, mais ce travail ne se fait pas en un mois. Nous devrions proposer quelque chose durant l'été », explique Henri Brichart, président du Cniel. En tant que président de la FNPL, il souhaite aussi que ce travail ne se résume pas à pointer le manque de compétitivité des producteurs français face à leurs collègues allemands. Bien sûr, les éleveurs auront des demandes particulières : plan bâtiment qui patine, lourdeurs administratives pour les projets d'agrandissement, accompagnement des exploitations en difficulté, diversification vers les énergies vertes…

Au-delà de ces dossiers, la filière française voudrait surtout ne pas revivre 2009. Une année de décroissance avec des pertes de marchés souvent colossales pour les entreprises et des producteurs qui ne trouvent plus d'acheteurs. Cette réflexion aura la chance de se situer dans une conjoncture de marchés plus favorable. Le différentiel de prix entre le lait français et allemand devrait s'estomper et les produits industriels pourraient retrouver une valorisation intéressante. N'y aurait-il pas là l'occasion de tester ce principe de double volume-double prix, porté par la FNPL et la FNCL ? C'est sans doute aller un peu vite en besogne car la notion de valeur ajoutée spécifique à la France ne fait pas l'unanimité dans la filière.

Comment profiter du retournement des marchés ?

Pour les transformateurs, privés en tête, le premier défi de la ferme laitière française est d'être capable de s'adapter à un marché, donc à un prix européen. Quant aux volumes, ce serait aux entreprises d'en décider en fonction de leurs débouchés et de leurs outils industriels. Certes, il y a déjà les 2 % de quota supplémentaire à distribuer, puis d'éventuelles allocations provisoires à décider. « Il serait dommage de ne pas profiter de ce possible retournement des marchés du beurre et de la poudre. Mais surtout ne pas refaire l'erreur de 2007-2008 où la forte réactivité des producteurs était en décalage avec la volatilité des marchés », reconnaissent les trois familles. Alors, plus de fluidité dans les gestions des quotas en fonction des dynamiques régionales ? Plus de réactivité dans les signaux donnés aux éleveurs ? Aujourd'hui, toutes les questions sont sur la table.

DOMINIQUE GRÉMY

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