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Aux Pays-Bas : « Les éleveurs ne craignent pas l'après-quotas »

Florian Vimond, Paul Lacombe et Jocelyn Brichet

Pendant sept mois, nous allons vous rapporter les impressions de groupes d'étudiants du pôle de formation de Bernussou (chambre d'agriculture de l'Aveyron), qui ont séjourné dans des exploitations laitières d'Europe, sélectionnées par l'équipe pédagogique.

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La Hollande est un pays très plat et ça se voit. Un quart du territoire est situé sous le niveau de la mer et de nombreuses digues ont été construites pour contenir l'eau et rendre les terres cultivables. Les polders de Hollande sont une grande région d'élevage mais sont aussi le premier producteur de tulipes au monde. Dans le paysage se mélangent donc bâtiments d'élevage, prairies et immenses champs de tulipes qui fleurissent au printemps. Le peu de surfaces agricoles disponibles, en raison de la taille du pays et de l'urbanisation croissante, fait que le prix du foncier est exorbitant. Un hectare se négocie en moyenne à 70 000 euros.

UNE ROBOTISATION RAPIDE

La densité laitière est aussi très forte aux Pays-Bas, donnant parfois l'impression que les exploitations se touchent ou se fondent dans le paysage urbain. Curieusement, il n'est pas rare non plus de voir une centaine de vaches pâturer dans une même parcelle. Pourtant, les élevages néerlandais se robotisent rapidement et continuent de s'intensifier. Les éleveurs ont beaucoup investi pour relever le défi de l'après-quotas, d'autant que les industriels (et principalement la coopérative Friesland Campina) sont prêts à accompagner cette croissance.

LE PÔLE DE FORMATION DE BERNUSSOU

Densité urbaine oblige, la ville n'est jamais loin des pâturages.

DES PARCELLES ENTOURÉES DE CANAUX OÙ LE TROUPEAU S'ABREUVE NATURELLEMENT Dans de nombreuses exploitations laitières néerlandaises, le pâturage fait partie intégrante de l'alimentation des vaches. Ici, les animaux sortent vers la fin du mois de mars, en fonction de la météo et de la pousse de l'herbe, et cela jusqu'à début décembre. L'objectif est de valoriser au mieux l'herbe disponible dans les prairies. Elle est complétée par une distribution à l'auge d'ensilage d'herbe. Le parcellaire est divisé en paddocks de taille variable. Ils sont entourés de canaux où le troupeau s'abreuve naturellement. Ces canaux limitent aussi la pose de clôtures dans les parcelles. L'éleveur pratique le pâturage tournant en ouvrant un nouveau paddock chaque jour.

LE CHOIX D'UN RACLEUR AUTOMOTEUR Dans cette exploitation, le nettoyage du couloir d'exercice des vaches laitières se fait grâce à une petite machine faite d'une lame nettoyante d'un mètre et d'un moteur de motoculteur. L'agriculteur a fait ce choix, plutôt qu'un racleur automatique, par soucis d'économie sur les investissements. Un caillebotis, installé au milieu du couloir, reçoit les effluents ainsi poussés des deux côtés. Cet équipement sert aussi à nettoyer le bâtiment sur caillebotis des génisses. Le raclage des différentes aires d'exercice réclame environtrente minutes.

LES VACHES DORMENT SUR DU COMPOST La litière des cinquante vaches laitières est un compost. Il se forme en mélangeant les bouses à des copeaux de bois. Pour rester sain, ce couchage requiert d'être mélangé une fois par jour à l'aide d'un outil à dents, de façon à aérer le mélange et éviter qu'il chauffe. Le curage s'opère deux fois par an : en janvier et au milieu de l'été. Les 500 m3 par an de copeaux de bois nécessaires (7,50 €/m3 sans le transport, soit 4 000 € par an) doivent être apportés en quantité suffisante pour assurer le processus de compostage. Un système de ventilation avec une soufflerie et des tuyaux installés sous le couchage envoient de l'air sous la litière.

DES CIRCUITS COURTS AMBITIEUX Aux Pays-Bas, encore peu d'exploitations laitières transforment le lait à la ferme et pratiquent la vente directe. Nous étions chez l'une d'entre elles. Le couple d'éleveurs a investi plus de 100 000 € dans des équipements pour transformer l'ensemble de la production des cinquante vaches. Ils vendent leurs différents produits à des restaurants et possèdent également cinq magasins, en partenariat avec douze autres agriculteurs. Mais leur projet ne s'arrêtera pas là. Ils envisagent de transformer le lait d'autres éleveurs et d'exporter des fromages jusqu'au Japon.

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