AIDE À LA COLLECTE EN ZONE DE MONTAGNE Un enjeu vital pour l'Auvergne et... Sodiaal
Il n'est pas étonnant de voir Sodiaal aux avant-postes, derrière la FNCL, pour défendre l'idée, semble-t-il à portée de main, d'une aide à la collecte en montagne.
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La question de l'aide à la collecte en montagne, vieux serpent de mer, n'a jamais été aussi stratégique pour la future région Rhône-Alpes-Auvergne. Mais aussi pour l'équilibre de Sodiaal, qui y joue un rôle clé et que l'on retrouve en première ligne sur le sujet. Impensable, en effet, pour le numéro un de la coopération laitière d'y laisser des producteurs sur le carreau sous prétexte de compétitivité, comme pourraient l'envisager des financiers de groupes privés.
14 €/1 000 l de surcoût comparé à la plaine
Hormis pour les Savoyards qui, à l'instar des Francs-Comtois, ont construit sur leurs AOP-IGP des filières rémunératrices pour tous, producteurs et transformateurs, c'est loin d'être le cas ailleurs en Rhône-Alpes-Auvergne. Sur les 2 milliards de litres de lait qui y sont produits en montagne, seulement 20 à 25 % (les Savoie incluses) y sont valorisés en AOP-IGP. Ajoutés les 2 % de lait bio et les 4 à 5 % de lait identifié comme « lait de montagne », reste au moins 70 % de lait banalisé qui doit rivaliser avec le lait standard produit en plaine. Un combat inégal quand on sait qu'en montagne, la productivité horaire de la collecte est 2,6 fois moindre et que le renouvellement plus important des camions de ramassage génère un surcoût de 14 €/1 000 l. Et cet écart n'ira qu'en s'accroissant avec la restructuration, plus rapide et qui s'accélère en plaine avec la fin des quotas. « Nous sommes dans une situation critique qui, d'ici à cinq ans, pourrait conduire à l'arrêt de la production de lait conventionnel en zone de montagne. Et dans les dix ans, à celui de toute l'activité laitière, incluant les productions à valeur ajoutée », estiment Laurent Vial et Philippe Thouly, présidents des sections laitières Rhône-Alpes et Auvergne de Coop de France.
Une porte semble s'être ouverte à Bruxelles
Relayant les appels de la FNCL, ces deux sociétaires Sodiaal ont leur idée pour éviter le pire. Une porte se serait ouverte à Bruxelles. On n'y serait plus aussi opposé que cela à une aide en zone de montagne, désormais accessible aux grands groupes. Aider les PME ne posait pas de problèmes. Les Régions ayant dorénavant la main sur les fonds européens (Feader), Laurent Vial et Philippe Thouly interpellent ceux qui auront demain les rênes de Rhône-Alpes-Auvergne. « La Région doit ouvrir un dispositif d'aide à la collecte ciblé sur toutes les entreprises pour leurs sites en zone de montagne. » Ils suggèrent un soutien de 16 ME/an, sur les 28 ME de surcoûts pesant sur les 2 milliards de litres collectés en montagne, et de le destiner à une aide à l'investissement sur les camions de collecte, à une réduction des charges salariales et de gas-oil.
JEAN-MICHEL VOCORET
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