ROBOT DE TRAITE ET AOP COMTÉ Le CIGC fait appel
Le comté conteste le jugement du tribunal de Besançon en faveur d'un de ses producteurs de lait voulant traire au robot.
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Si le cahier des charges du comté avait interdit le robot de traite et pas seulement la traite en libre-service, l'affaire qui secoue les coulisses de l'AOP n'aurait jamais existé. Cette faille, un producteur de lait à comté du Doubs s'y est engouffré. Le jour où sa coopérative lui fait savoir par courrier qu'elle ne pourra plus le collecter s'il met en service le robot qu'il vient d'acquérir, il l'assigne au tribunal de Besançon. Et le CIGC, interprofession du comté, avec. On est en 2010. Le robot ne sera pas installé et le lait toujours collecté, mais l'affaire suit son cours.
À la question posée : « L'installation est-elle conforme avec le cahier des charges ? », l'expert mandaté par le tribunal répond que non. Mais il complète que pour l'être, il faudrait une seconde stalle de robot et ainsi pouvoir traire matin et soir la soixantaine de vaches laitières maximum du troupeau... en respectant un intervalle de traite suffisant.
Le jugement du tribunal tombe le 2 décembre dernier. Il dit en substance qu'à partir du moment où un deuxième robot sera installé et officialisé auprès de la coopérative, cette dernière sera obligée de prendre le lait. Le courrier de soutien des 70 fruitières coopératives à sa consoeur de Pierrefontaine-les-Varans n'a pas pesé. Inutile de dire qu'une fois la mauvaise surprise digérée, la coopérative et le CIGC ont fait appel. Pour vice de forme d'abord, ce jugement se fondant non pas sur la situation constatée en 2010, mais sur une installation hypothétique d'un deuxième robot. Au-delà, c'est sur le fond que l'interprofession entend argumenter. « Le comté justifie son AOP par le fait qu'il est produit différemment du lait standard », explique Claude Vermot-Desroches, président du CIGC.
Le robot de traite n'est pas dans les valeurs du comté
Parmi les valeurs spécifiques que l'AOP veut réaffirmer, il y a notamment l'intervention humaine aux étapes clés de la filière. « Des agriculteurs physiquement présents auprès de leurs animaux et attentifs à leur bien-être. Des fromageries artisanales, avec un maître fromager au pied de ses cuves, attentif au bon déroulement de la fabrication. Des caves d'affinage enfin avec, certes des robots pour manipuler les meules, mais toujours avec des hommes pour les surveiller et décider de leur parcours technologique. » Ces valeurs, le CIGC va les formaliser, car elles constituent un engagement vis-à-vis des consommateurs. Reste à savoir si le juge sera réceptif à l'unanimité affichée d'une filière pour appliquer ces règles ou s'il en restera à une interprétation discutable du cahier des charges.
J.-M. VOCORET
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