L'ITALIE SANS QUOTAS Mettre à l'abri le lait sous signe de qualité
L'après-quotas commence à s'organiser en Italie, risquant de creuser un fossé entre les éleveurs dans des filières sous appellation et les autres.
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Ces dernières années, l'Italie n'était plus sanctionnée pour dépassement de son quota national. Mais il aura suffi d'un rebond des prix et d'un été pluvieux, en 2014, pour que la Péninsule soit redevable de 30 millions d'euros, pour la dernière année des quotas laitiers. « Comment peut-on imaginer que les éleveurs pourront s'adapter en temps réel aux besoins des marchés ? » se demande encore Ettore Prandini, éleveur et représentant syndical à la Coldiretti, en charge des questions laitières. Inquiet, comme la plupart de ses confrères, il attend de voir comment vont se réorganiser les rapports au sein de la filière. Le marché laitier italien peut être divisé en deux : le lait de qualité destiné aux nombreuses appellations et le standard (lait cru, mozzarelle, produits laitiers), concurrencé par les importations.
Inventer de nouvelles règles
Sur ce dernier marché opèrent les multinationales dont le discours a changé depuis la fin des quotas : « Selon elles, le prix payé au producteur ne dépend plus des coûts de production, ni des prix à la consommation, mais s'aligne sur ceux des autres pays européens excédentaires », constate, amère, Ettore. Précisons que les coûts de production italiens sont 30 % plus élevés que les coûts français et allemands, et que les prix à la consommation sont aussi plus élevés sur le marché intérieur.
Fin juillet, en Lombardie, principale région productrice, les syndicats ont obtenu des coopératives laitières que le prix payé aux éleveurs soit indexé à un panier composé à 55 % sur les produits laitiers valorisés sur le marché national, à 20 % sur les prix des matières premières de l'alimentation animale (soja, maïs, orge et foin pour un quart chacun), et à 25 % sur le prix du lait allemand, soit un résultat à 0,37004 €/l. Une méthode de calcul rejetée par les industriels privés, qui collectent 40 % des volumes. Les maigres espoirs se reportent alors sur l'interprofession, chargée, par un décret-loi publié en mai, de fixer des règles de production et de commercialisation, de promotion, de rédaction de contrat type, de recherche et de protection de l'environnement.
Maintenir le prix du lait payé aux éleveurs
En revanche, les consortiums des deux appellations emblématiques, Grana Padano et Parmigiano Reggiano, n'ont pas attendu la fin des quotas pour s'organiser. Affectés ces dernières années par une baisse des prix et l'embargo russe, les consortiums ont choisi de s'autoréguler.
Dans le paquet lait, la mesure DOP a été déclinée différemment, mais avec le même objectif : maintenir le prix payé aux éleveurs. Grana Padano a attribué à ses 132 laiteries des quantités de meules en fonction des perspectives du marché. Quant au Parmigiano Reggiano, c'est à ses 3 350 éleveurs qu'il a attribué des volumes d'achat, redonnant de la valeur patrimoniale aux quotas disparus. « Au contraire des quotas laitiers figés, ces deux plans de production s'adaptent aux demandes du marché, afin d'éviter les excès de production qui feraient baisser les prix à la sortie de l'étable », explique Stefano Berni, directeur du consortium Grana Padano, qui ne regrette pas la fin des quotas laitiers.
NADIA SAVIN
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