Login

LAIT NORMAND SOUS APPELLATION D'ORIGINE La force du cahier des charges assure un meilleur prix

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Produire un lait répondant à un niveau sanitaire élevé, respecter la part de vaches normandes et de prairies pâturées demandée dans le cahier des charges : en période de crise, les 560 producteurs bas-normands, acteurs de la filière fromagère sous appellation d'origine, ne s'en plaignent pas. Pour preuve, ceux qui avaient l'intention de la quitter cette année car jugeant les exigences trop contraignantes, diffèrent leur décision. La sortie d'environ 120 éleveurs était attendue. Ils sont moitié moins. On les comprend. Les primes liées à l'appellation peuvent aller jusqu'à 50 €/1 000 l selon les entreprises. Sans compter les taux plus élevés liés à la normande qui boostent la rémunération.

Un prix de base à 315 €/1 000 l en 2016

Les producteurs veulent aller plus loin. Voilà deux ans qu'ils militent pour une déconnexion du prix du lait AOP du marché classique. « Notre lait est valorisé sur le marché local ou national. Nous ne sommes pas responsables de la surproduction actuelle », martèle Benoît Duval, président de l'Union des producteurs. L'objectif est atteint pour les organisations de producteurs Gillot (35 Ml) et Graindorge (48 Ml, dans le giron de Lactalis depuis juin). Ils ont signé un contrat intégrant une déconnexion partielle (voir L'Éleveur laitier n° 246, p. 18). Le prix de base moyen de Gillot en 2016 est à 315 €/1 000 l. Celui de l'ex-Graindorge(1) devrait être à ce niveau.

Un courrier adressé à Emmanuel Besnier cet été

« Jusqu'au 5 juillet, la discussion avec Lactalis pour une déconnexion du prix était bien engagée », indique de son côté Ludovic Podgorski, président de l'OP Lactalis AOP. Les livreurs perçoivent le prix de base conventionnel (255,99 €/1 000 l pour juillet, prime tank comprise), renforcé depuis mars par une prime conjoncturelle de 15 €/1 000 l conditionnée aux germes pathogènes. Le 5 juillet devait être discutée sa hausse à 30 €. « Lactalis l'a remise en question. De plus, la prime AOP que le groupe s'était engagé à passer au 1er juillet de 45 à 50 € est repoussée à mai 2017. » Ces deux dernières années, le mayennais l'a augmentée progressivement. « Dans un courrier adressé à Emmanuel Besnier cet été, nous avons exprimé notre inquiétude d'un retournement de discussions de Lactalis avec la filière AOP. » Malgré ce recul, Ludovic Podgorski, comme ses collègues, est persuadé que la force d'un cahier des charges donne du poids face aux entreprises et assure une meilleure rémunération. Ils puisent leur conviction dans un projet commun construit ces vingt dernières années : un produit de qualité issu de conditions de production maîtrisées, volumes compris.

CLAIRE HUE

(1) Lactalis a racheté Graindorge en juin, mais le contrat signé en mars avec Graindorge perdure.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement