REPRISE D'ENTREMONT-ALLIANCE Le projet Lactalis évincé
A peine dévoilées, les propositions de Lactalis ont été rejetées. L'option Sodiaal reste seule en piste.
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La nouvelle aurait dû tomber dès le vendredi 18 décembre sans la tenue, le lundi suivant, d'une consultation des adhérents laitiers d'Eolys (coopérative de base d'Unicoopa) concernés, au premier chef, par la reprise du groupe Entremont-Alliance. Pour la petite histoire, on se rappellera que le vote des coopérateurs donnait plutôt sa préférence au projet de rachat par le privé Lactalis, dévoilé la veille, qu'au rapprochement avec le groupe Sodiaal connu depuis plusieurs semaines.
Mais peu importait en réalité cette consultation de la base. Dans ce dossier, ce ne sont pas les producteurs qui ont la main. Unicoopa, avec 35 % des parts d'Entremont-Alliance, n'a même pas une minorité de blocage. La partie se jouait loin des regards sur le strict terrain financier avec, autour de la table, les banques et l'actionnaire principal, Albert Frère. Ce dernier, via sa holding Unifem qui détient Entremont- Alliance, a tranché. Le projet Lactalis, à peine dévoilé, est évincé. « Après avoir été saisi de deux offres de Lactalis et de Sodiaal, le conseil d'administration d'Unifem a décidé à l'unanimité de poursuivre les négociations avec le groupe Sodiaal uniquement », explique le communiqué commun d'Entremont-Alliance et Sodiaal du 22 décembre. Une nouvelle période de négociations exclusives s'est donc rouverte entre Sodiaal et Unifem, avec une première étape annoncée à la mi-janvier.
Le rejet du plan Lactalis n'est pas surprenant
Cette issue n'a pas vraiment surpris les proches du dossier. Pour ces derniers, les propositions de Lactalis étaient insuffisantes. Pour les vingt-cinq banques impliquées, en premier lieu.
Le numéro un du lait français demandait un taux d'effacement des 376 millions d'euros de dette. Inacceptable pour ces dernières. On parle de 70 %. Sodiaal souhaite aussi un écrasement massif de cette dette, mais à un niveau moindre. Il faut savoir que cette dette est composée en grande partie d'immobilisations liées aux stocks de fromages, d'une valeur très importante chez Entremont. Difficile pour les banquiers de lâcher trop de lest sur ce terrain qui revient, pour eux, à donner une partie du stock au futur repreneur. La proposition Lactalis aurait été bien moins favorable à l'actionnaire. Dans l'option Sodiaal, Albert Frère conserverait 15 % du capital du groupe reconfiguré.
Sur un terrain plus politique, les pressions restent fortes pour pousser l'option coopérative.
La crainte est de voir Lactalis, renforcé dans le grand-Ouest, se désengager des territoires difficiles où la production laitière est moins compétitive.
JEAN-MICHEL VOCORET
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