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VIANDE BOVINE Plus de viande de femelles et moins de mâles laitiers

À terme, l'évolution de la demande vers des produits de gamme inférieure, de type steak haché, devrait faciliter l'écoulement des réformes laitières.© CLAUDIUS THIRIET

À l'horizon 2020, la production de viande française devrait être stable, avec une augmentation de la proportion de femelles qui correspond à la descente en gamme de la demande.

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Une étude récente de l'Institut de l'élevage fait état d'une profonde modification de la filière bovine française à l'horizon 2020. « La croissance de la production laitière, attendue avec la fin des quotas (+16 %), et la mise en oeuvre de la réforme de la Pac vont avoir un impact sur la composition de la production de viande bovine, explique Gérard You, directeur du département économie de l'institut. Mais, au final, les tonnages devraient être relativement proches du bas niveau de 2013. » Pour faire simple, les exploitations laitières mixtes (40 %) pourraient choisir la spécialisation afin d'accroître leur cheptel laitier (+ 3 %) en remplaçant les allaitantes par des génisses et surtout en réduisant l'activité jeunes bovins. Sous l'effet conjoint de cette spécialisation et du plafonnement de la PMTVA, le cheptel allaitant devrait reculer dans les mêmes proportions (- 3 %). L'utilisation accrue des semences sexées dans les troupeaux laitiers entraînerait un recul de 12 % de la disponibilité en veaux mâles, qui fait écho au déclin programmé de la production de veaux de boucherie au rythme de - 2 %/an, dans un contexte de diminution de moitié des DPU.

La production de broutards devra, elle, faire face à l'érosion du marché italien, qui absorbe 79 % des exportations françaises. Cela fait suite à une baisse de la consommation intérieure (- 17 %), qui touche en particulier la boucherie traditionnelle, et à la concurrence nouvelle de pays comme la Pologne ou l'Irlande, avec de la viande sous vide low-cost, issue de taurillons laitiers à destination des GMS. « Pour compenser cette baisse, la filière devra s'adapter à la demande de la grande distribution italienne, et surtout développer les débouchés pour des mâles finis vers les pays du pourtour méditerranéen », souligne Caroline Monniot, chargée d'étude à l'institut. La production de taurillons de race à viande augmenterait en France de 1 % à cause d'un léger alourdissement des carcasses. Celle de taurillons laitiers accuserait une forte baisse (- 30 %) en raison des capacités d'engraissement réduites dans les troupeaux laitiers. Enfin, les boeufs devraient se maintenir, confortant ainsi leur rôle de valorisation des prairies.

5 % en plus de réformes allaitantes et 12 % de réformes laitières

Au final, la proportion de vaches sera plus importante (+ 5 % de réformes allaitantes avec des carcasses ayant tendance à s'alourdir, + 12 % de réformes laitières malgré la baisse des poids des carcasses). « À long terme, l'évolution de la demande vers des produits de gamme inférieure, de type viande hachée, va faciliter l'écoulement des réformes, analyse Caroline Monniot, qui estime que la chute des cours actuelle est conjoncturelle. Le marché est touché par de nombreuses sorties, à la suite de la forte capitalisation du troupeau laitier. » En outre, les projections de l'institut laissent augurer d'une progression de la consommation mondiale de viande de 13 %. « Il n'y aura donc pas d'afflux de viande bovine à long terme et la filière restera très dépendante de la conjoncture laitière. »

JÉRÔME PEZON

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