IGP SAINT-MARCELLIN La reconnaissance par l'UE reportée à la fin 2012

Déjà très long, le chemin qui aboutit à la précieuse estampille AOC et IGP se révèle de plus en plus complexe depuis qu'il doit passer par Bruxelles. Le Comité interprofessionnel du saint-marcellin en fait l'expérience. Validé par les instances nationales (Inao et différents ministères) en septembre 2010, le dossier IGP du saint-marcellin avait été transmis dans la foulée à la Commission européenne.

« En mars dernier, nous avons été sollicités pour des compléments d'informations de forme et non de fond, précise Bruno Neyroud, président du Comité interprofessionnel du saintmarcellin. L'une d'elles a surpris. On nous a demandé de remplacer le terme “lait non homogénéisé”. D'après Bruxelles, cette dénomination ne peut s'appliquer qu'au lait de consommation et au fromage blanc, pas aux fromages affinés. Nous l'avons remplacé par “lait non standardisé en matière grasse et matière protéique”. » Cet aparté lexical a entraîné le lancement d'une seconde procédure d'opposition nationale.

Heureusement plus légère et plus rapide que la première : elle n'a duré que quinze jours. Alors que le dossier est reparti à Bruxelles, il faudra encore patienter au mieux jusqu'à la fin 2012 pour espérer décrocher l'IGP.

Un nouvel acteur Lactalis

Ces déboires administratifs n'ont pas détourné pour autant les opérateurs fromagers du saint-marcellin. En rachetant, début novembre, les fromageries de l'Étoile, jusqu'alors aux mains de la famille Lebard, Lactalis s'est positionné comme l'acteur numéro un de la filière. Avec 21 Ml transformés sur 44 Ml collectés auprès de 280 exploitations de l'Isère et de la Drôme. Les producteurs s'interrogent sur la stratégie du nouveau propriétaire. Présente historiquement dans l'Isère, Lactalis s'était en effet désengagée en 2003 de l'AOC bleu du Vercors-Sassenage. « Quels seront ses projets pour le saint-marcellin, se demande Bruno Neyroud. Quelle sera sa position sur la discussion engagée par le comité interprofessionnel pour définir la future grille de prix du lait IGP et fixer un complément de prix ? »

ANNE BRÉHIER