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« RENFORCER LES OP EN METTANT DE CÔTÉ NOS DIVERGENCES »

Guillaume Martel est président de France Milk Board Normandie, agréée en décembre 2014. Âgé de 41 ans, il est en Gaec avec son épouse à Le Teilleul dans le sud de la Manche. Secondés par un salarié à temps partiel, ils sont à la tête de 55 normandes pour 330 000 l, 60 blondes d'Aquitaine et 50 taurillons laitiers et allaitants vendus par an, notamment en boucherie. La SAU de 125 ha est totalement dédiée à l'élevage. Le maintien de ces deux activités est volontaire. Elles sont les gages d'une mei

La crise laitière met en lumière le pouvoir limité des organisations des producteurs. C'est le constat que font les OP France Milk Board. Elles appellent à un rapprochement pour mieux défendre les prix et les volumes.

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Pourquoi France Milk Board a-t-elle si peu de succès auprès des producteurs ?

Guillaume Martel : Il existe trois organisations de producteurs FMB, dont deux dans l'Ouest : FMB Grand Ouest et FMB Normandie qui comptent au total 550 adhérents. Ce sont des livreurs de Lactalis, Savencia, Vaubernier (Mayenne), Fléchard (Orne) et Sill-Saint-Malo qui ont choisi de se regrouper en OP transversale. Elles ont aujourd'hui des contrats cadre et d'application avec Savencia et Vaubernier, et une convention de fonctionnement avec Lactalis. Nous n'avons pas choisi le chemin le plus facile. En regroupant des producteurs de plusieurs laiteries, nous avons coupé le cordon ombilical avec elles tandis que les OP verticales ont débuté avec les groupements existants et l'aval des industriels. Elles paraissaient aussi plus sécurisantes, notamment pour obtenir du lait en plus.

Les divergences apparues lors de la grève du lait, en particulier syndicales, freinent-elles l'adhésion des producteurs à FMB ?

G.M. : C'est vrai, la grève du lait est encore dans les esprits. Nous nous efforçons de mettre de côté les divergences syndicales. Nous considérons qu'une OP est une organisation indépendante mais aujourd'hui, une gestion de filière sans impliquer les syndicats est compliquée. Chacun souhaite garder son influence, ce qui est un frein au développement des OP. Nous l'avons vu l'an passé à la table ronde sur le prix du lait. Syndicats, industriels et pouvoirs publics étaient présents, pas les OP alors qu'elles sont agréées par l'État pour négocier avec les entreprises !

Comment convaincre aujourd'hui les producteurs de mieux s'organiser ?

G.M. : Tout dépend de ce qu'ils souhaitent. Un certain nombre est convaincu que produire plus pour diluer les charges est la solution pour résister aux crises. Cela signifie booster la restructuration des exploitations en laissant de côté les plus faibles. Sans nier celle liée à la démographie, d'autres veulent les maintenir autant que possible. C'est ce que nous défendons via la gestion des volumes. Cela passe par une meilleure organisation des producteurs. Au-delà de FMB, force est de constater qu'il est difficile de faire adhérer les producteurs et qu'il y a trop d'OP. Il revient aux responsables de prendre la main et de diminuer leur nombre en les rapprochant. La contractualisation mise en place ne marche pas. Il faut faire évoluer nos organisations.

Comment parvenir à rapprocher les OP ?

G.M. : Nous estimons que les OP transversales sont la meilleure solution pour renforcer le pouvoir de négociation des producteurs. Nous avons créé les trois FMB dans ce but. Chacune sur 15 à 20 départements, elles découpent la France en trois. L'outil est disponible. Nous n'y sommes pas accrochés. Nous sommes prêts à l'ouvrir aux OP verticales si elles veulent y entrer. L'objectif est d'avancer.

Des associations d'OP verticales sont en cours de création dans les régions. Que font de plus les OP transversales ?

G.M. : Si elles sont dans la même région, l'OP transversale et l'association d'OP verticales rassemblent les producteurs des différentes laiteries, mais leur mission ne sera pas la même. Les projets d'AOP régionales en cours visent principalement un échange d'informations. Contrairement aux OP transversales, elles n'auront pas de mandat de négociation. Leur impact sera limité. Ceci étant, nous sommes prêts à échanger sur une AOP transversale de bassin si elle a vocation à négocier et permet de sortir du modèle vertical. Cependant, une plate-forme nationale est indispensable et permettrait de faire le lien avec une plate-forme européenne, elle aussi à créer. Mais ce schéma n'est pas accepté par l'Europe. Il faut qu'elle nous donne carte blanche pour créer nos outils. Nous voulons une politique régulée, pas administrée.

PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE HUE

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