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COLLECTIF LES FOULARDS NOIRS « Face à la crise, afficher notre soutien à nos conjoints »

Charlène Guérin, membre du collectif Les Foulards noirs.© C.H.

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Agricultrices mariées à un éleveur ou femmes d'éleveurs avec une activité salariée : dans le Calvados, face à la crise, Peguy, Astrid, Stéphanie, Ludivine et Charlène ont décidé de prendre la parole. Elles ont créé le collectif Les Foulards noirs « en référence aux éleveuses qui, autrefois, se protégeaient les cheveux de la poussière lorsqu'elles trayaient », explique Charlène Guérin. « Le noir exprime le deuil au vu des difficultés financières que traversent nos familles. » En avril, en partenariat avec les JA Calvados, cinquante femmes ont défilé dans les rues de Bayeux. En mai, elles étaient trente à Caen. Le groupe a aussi créé un compte Facebook. « Avec la traite matin et soir, un travail sur la ferme qui n'est jamais terminé, ce n'est pas simple de vivre avec un éleveur, mais cette crise ne sera pas la fossoyeuse de nos couples », lâche la jeune femme. Elles affichent publiquement leur soutien à leur conjoint... d'abord pour leur conjoint. « Ils étaient sceptiques au lancement du collectif. Aujourd'hui, il y a un regard de fierté lorsqu'ils nous lisent ou nous entendent dans les médias. Cela les aide à surmonter cette crise. »Jugeant leurs compétences insuffisantes, les cinq jeunes femmes n'ont pas la prétention de revendiquer un meilleur prix du lait.

Ouvrir la porte de leur famille : un bon moyen pour communiquer

Elles acceptent d'ouvrir la porte de leur famille, parler de ce qu'elles vivent au quotidien. Les inquiétudes avec des prélèvements privés incertains d'un mois sur l'autre. Mais aussi les joies : le plaisir de pique-niquer au champ avec les enfants cet été, leur sourire lorsqu'ils travaillent avec leur père. « Nous avons compris qu'ouvrir nos portes est un moyen de communiquer sur la crise. » Le collectif espère que d'autres femmes le rallieront et que l'initiative sera reprise dans d'autres départements. Cela ne semble pas si évident.« La crainte du regard du voisin, que ses enfants soient montrés du doigt à l'école, en empêche beaucoup de parler des difficultés familiales », constate Charlène. Les Foulards noirs vont tout de même de l'avant, avec sans doute des actions à l'automne.

CLAIRE HUE

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