CONCOURS « ENSILAGE D'HERBE » « 17,7% de MAT pour une coupe faite fin avril »

Riche en azote, intéressant pour améliorer la fibrosité de la ration, l'ensilage d'herbe est paré de toutes les qualités... à condition d'y apporter l'attention nécessaire et de choisir la date de récolte selon des objectifs bien identifiés. La fin du maïs-ensilage en plat unique lui a redonné quelques lettres de noblesse ces dernières années mais pas au point d'atteindre en Basse-Normandie, pays de l'herbe, un niveau comparable à celui de l'Allemagne, par exemple. « L'ensilage d'herbe est le parent pauvre de nos exploitations, confirme Jean-François Le Meur, président d'Orne Conseil Élevage (OCL). Il faut lancer une dynamique autour de ce fourrage. » Quoi de mieux pour cela que de créer une émulation entre éleveurs et un espace d'échanges sur le sujet. C'est chose faite avec le concours « Ensilage d'herbe », dont la première édition s'est déroulée le 7 février à Alençon. En amont, cinquante participants avaient envoyé des échantillons qu'un jury a analysés et jugés le 12 décembre. Les quatre techniciens les ont classés d'abord sur la matière azotée totale (50 points sur un total de 70 attribués à la valeur alimentaire). À la senteur (correcte, odeur d'alcool, de vinaigre ou désagréable) était dédié un maximum de 20 points et à la présentation (couleur et coupe) 10 points.

Jean-Luc Leportier, éleveur à Pointel, a remporté le premier prix grâce à son association ray-grass hybride + trèfle incarnat, à 17,7 % de MAT, cultivée en dérobée. Il s'agit de la valeur MAT la plus élevée du concours. « C'est une deuxième coupe réalisée fin avril après un enrubannage précoce pour nettoyer la parcelle. D'une façon générale, je privilégie les ensilages au stade jeune de l'herbe pour obtenir un fourrage aux valeurs alimentaires les plus élevées possible. » Le concours révèle des disparités de qualité. Ainsi, la teneur moyenne en MAT est de 11,5 % avec un minimum à 7 %. De même, la valeur énergétique moyenne s'élève à 0,87 UFL/kgde MS pour un écart de 0,73 à 0,94 UFL. La digestibilité, elle, varie de 50 à 87 % pour une moyenne de 76 %.

Une deuxième édition à l'automne prochain

« Il faut bien définir sa stratégie de récolte, résume la conseillère Guilène Duboc. Choisir la qualité et ce sera une récolte en avril, ou viser le rendement et ce sera une fauche en mai. » Message bien entendu par les seize producteurs invités à évaluer l'odeur et l'apparence des quinze échantillons en tête de classement... et prêts à prolonger l'initiative en devenant membres du jury 2014. D'ici là, Orne Conseil Élevage continue sa politique de promotion de l'herbe. Avec l'Inra du Pin-au-Haras, il adapte son système d'analyse Agrinir pour l'analyse de l'herbe fraîche. Objectif : être opérationnel début avril.

CLAIRE HUE