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LA CRISE DU LAIT VUE DU MASSIF CENTRAL « Une année noire qui fige toute évolution »

La crise oblige les trois associés à différer leurs projets d'investissement et l'installation d'Océane, la fille d'André. © M.R-.M.

Dans le Cantal, un cumul sans précédent de difficultés plombe les trésoreries et le moral des éleveurs.

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Sécheresse, FCO, invasion de rats taupiers et chute du prix du lait : le bilan est lourd de conséquences pour les élevages. Sans exception. Et 2016 inquiète encore plus car le prix du lait poursuit sa chute et les rats taupiers mettent en péril la mise à l'herbe et la récolte des fourrages. Aucun ne pourra supporter de devoir racheter des tonnes de foin cette année. « Entre 2014 et 2015, le prix du lait livré à Sodiaal est passé sur nos fiches de paie de 400 à 360 €/1 000 l. Début 2016, nous perdons 20 € de plus par 1 000 l. La sécheresse qui a sévi l'été dernier nous a obligés à l'achat de 350 t de fourrages pour un coût de 40 000 €, explique Jean-François Falcon, associé avec André Delrieu et Éric Rispal à Coltines (Cantal). Et depuis octobre, la FCO nous fait perdre 100 € par veau naissant montbéliard, 100 € par veau croisé en blanc bleu belge, pourtant destinés à des filières de qualité, et 150 € par réforme sur un total de 30 veaux et 15 vaches. 2015 restera dans les annales, car nous avons cumulé tous les problèmes que peut rencontrer un éleveur. »

Pour cette saison d'herbe, les associés craignent la forte invasion de rats taupiers. « Pour l'heure, nous n'avons rien touché des plans d'aide annoncés. Il nous manque même une partie des aides Pac perçues en décembre. Nous avons fait un crédit à court terme pour les achats de fourrages. Nous avons ainsi pu régler tous nos fournisseurs et maintenir nos prélèvements privés », poursuit l'éleveur.

En revanche, tout investissement est repoussé, tout comme le projet d'installation d'Océane, la fille d'André Delrieu. En regroupant leurs exploitations en 2006, les trois voisins ont réussi à créer un outil de production performant avec un bâtiment neuf abritant tout le cheptel de 120 vaches et un unique bâtiment de stockage à côté de la stabulation.

« Il ne suffit pas de bien faire »

L'objectif de produire 800 000 l de lait de qualité est atteint ainsi qu'une autonomie du système, jugée une force pour l'avenir (voir L'Éleveur laitier, avril 2015, p. 38-39). « Un choix dont nous nous félicitons car sinon, aucun de nous serait encore là. » L'engagement dans le cahier des charges de l'AOP cantal leur a rapporté 18 €/1 000 l en 2015. La plus-value 2016 n'est pas encore connue. La filière lait cru qu'ils satisfont par la qualité régulière de leur lait ramène 6 €/1 000 l. « Avec 90 % du lait en A et ces deux plus-values, nous sauvons juste un peu les meubles ! Nous avons du mal à croire à une politique de régulation à un niveau européen,car la France est trop isolée dans sa position. Il ne faudrait pas qu'on nous paie tout à coup pour ne plus rien produire ! »

MONIQUE ROQUE-MARMEYS

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