En Espagne « La Galice, surnommée la "petite Bretagne" »
Pendant sept mois, nous allons vous rapporter les impressions de groupes d'étudiants du pôle de formation de Bernussou (chambre d'agriculture de l'Aveyron), qui ont séjourné dans des exploitations laitières d'Europe, sélectionnées par l'équipe pédagogique.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Située dans le nord-ouest de l'Espagne, la Galice rassemble 80 % des exploitations laitières du pays pour 60 % du volume national. Cette région est surnommée la « petite Bretagne » vu les précipitations annuelles : entre 800 et 1 500 mm. Cela engendre un climat poussant pour l'herbe. D'ailleurs, les systèmes laitiers herbagers sont nombreux en Galice. En moyenne, les exploitations sont de petite taille : environ 20 vaches. Les structures de 100 laitières et plus sont minoritaires. Elles sont également très gourmandes en concentrés. Ainsi, l'exploitation qui m'a accueilli en consommait 3,5 tonnes par vache et par an pour un niveau de production qui atteint 10 000 kg.
DES DÉFICITS FOURRAGERS SOUVENT MARQUÉS
Malgré des rendements importants, ces grands élevages manquent d'autonomie fourragère. Car la SAU disponible est limitée et impose une conduite intensive : 88 % des exploitations ont moins de 30 ha et 45 % moins de 10 ha. Le parcellaire est aussi très morcelé avec une forte pression foncière. Un hectare coûte en moyenne 25 000 €. Cela limite le développement des exploitations. Ce morcellement ne permet pas non plus l'utilisation de gros matériels de récolte, comme on peut le voir dans l'Hexagone. Je n'ai vu principalement que des tracteurs de 60-70 ch.
Avec la fin des quotas, la production laitière ne devrait pas augmenter de façon spectaculaire. Les exploitations laitières restent globalement limitées par leur production fourragère. Et les achats de fourrages grossiers et de concentrés en grande quantité réduisent la marge au litre de lait.
LE PÔLE DE FORMATION DE BERNUSSOU
Derrière les séchoirs à maïs traditionnels, toujours bien conservés, se cachent des systèmes laitiers très intensifs à l'hectare. Car la pression foncière est forte.
UNE CONDUITE EN LOTS DANS UN BÂTIMENT SIMPLE Les 100 vaches laitières de l'élevage qui m'a accueilli sont divisées en 2 lots : 50 % de l'effectif est sur aire paillée, et 50 % en logettes. Dans l'aire paillée se retrouvent toutes les vaches en première lactation, ceci pour favoriser leur développement, ainsi que les animaux en quatrième lactation et plus afin de préserver leurs membres toujours fatigués dans un système zéro pâturage. Dans les logettes sont présentes les 2e et 3e lactations. Une stratégie propre a cet éleveur qui s'avère payante : 3 lactations de moyenne dans le troupeau et des vaches à 10 000 kg de production annuelle.
BEAUCOUP DE SOINS AUX LOGETTES La litière est composée de carbonate et balle de riz dans des proportions respectives de 73 % et 23 %. Le carbonate a pour rôle d'assécher la litière. Cela diminue la prolifération des bactéries pathogènes et ainsi préserve la santé de la mamelle. De plus, par son utilisation comme engrais, il permet un chaulage d'entretien dans les sols acides. La balle de riz assure le confort, capte également l'humidité et évite d'avoir de la paille dans la fosse à lisier. Ce mélange incite les vaches à se reposer plus longtemps dans les logettes, tout en gardant des mamelles propres. Le coût de cette litière est de 0,20 €/logette/jour. Celles-ci ont toujours besoin d'un nettoyage deux fois par jour de dix minutes matin et soir pour cinquante logettes.
AUCUN MATÉRIEL, TOUT EST DÉLÉGUÉ À UNE COOP Les travaux réclamant du matériel sont délégués à une coopérative (l'équivalent d'une Cuma chez nous) et en premier lieu, la distribution de l'alimentation des vaches laitières et génisses (coût : 9,20 €/1 000 l). Tous les travaux aux champs (préparation des sols, semis, épandage, récoltes, jusqu'à l'ensilage rendu silo) sont sous-traités à cette coopérative. Cette stratégie a un coût. En contrepartie, l'exploitation n'a aucun matériel, même pas une bétaillère pour le déplacement des animaux, seulement trois tracteurs très anciens. Ainsi toute la main-d'oeuvre disponible se concentre sur la gestion du troupeau.
L'ALIMENTATION DES GÉNISSES SIMPLIFIÉE Les génisses reçoivent une ration mélangée à volonté. Elle est composée de paille triturée (39 %), d'herbe enrubannée à 30 % de MS (45 %) et de foin de luzerne (16 %). Le mélange est réalisé pour trois jours, avec une consommation moyenne de 9 kg/j/génisse auxquels s'ajoutent 2,5 kg de concentré azoté. La quantité ingérée évolue avec l'augmentation de la capacité d'ingestion, ce qui assure la couverture des besoins alimentaires. Ce système permet également un gain de temps et une simplification du travail.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :