VUE EN POLOGNE DANS DE GRANDS TROUPEAUX « La conduite en lots est une piste à creuser »
Quitter sa ferme et chercher des idées au-delà des frontières, c'est le choix d'un groupe d'éleveurs de l'Orne.
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Ils sont sept éleveurs de l'Orne et un de la Marne. Ils font partie de ce que l'on appelle les producteurs de demain. Seuls avec un salarié, en Gaec parents fils ou avec des associés hors cadre familial, ils sont à la tête d'une exploitation de 450 000 à plus d'1 Ml, certains avec robot. Sollicités par Orne Conseil Élevage, ils n'ont pas hésité à faire leur valise pour visiter, du 12 au 14 mars, des grands troupeaux à la frontière germano-polonaise. « Les voyages sont une ouverture. Même si nos fermes sont différentes de celles visitées, on en revient toujours avec un plus », résume Henri Koning, administrateur d'Ocel 61, en Gaec avec son épouse et son fils à Boissy-Maugis. Il en revient conforté par son modèle d'exploitation familiale qui trouve un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Il faut dire que les six fermes visitées, une en Al Allemagne et cinq en Pologne (voir aussi p. 48 et 102), comprennent entre 140 et 650 vaches laitières. « La conduite en lots est sans doute ce qui nous a le plus intéressés, disent- ils tous. Séparer les primipares des multipares pour qu'elles soient mieux suivies, isoler les animaux malades dans un bâtiment à part (l'hôpital) sont des pistes à creuser, même si la taille de nos troupeaux est bien inférieure à celle des leurs. » Le mode de logement des animaux remet en cause les standards français qui sont haut de gamme. « Les éleveurs adaptent les bâtiments existants. Ils ont transformé les étables entravées de ces ex-fermes d'État en aires paillées, avec un appentis adossé au mur pour le couloir d'alimentation. Certaines sont aménagées en logettes. Cela ne les empêche pas d'offrir de bonnes conditions d'hébergement aux vaches qui dépassent les 9 000 kg bruts. » La visite d'un troupeau conduit par un éleveur hollandais installé là-bas soulève une autre question : faut-il absolument une place par vache, y compris aux cornadis ? Lui possède 108 logettes pour 140 vaches et un coût de bâtiment - qu'il a construit - réduit. « Leurs installations low cost nécessitent de la main-d'oeuvre. Avec des salaires à 1 000 € par moi pour les salariés les mieux payés, c'est possible. Le coût de la maind'oeuvre en France nous oblige à nous équiper plus », soulignent-ils. Et puis, il faut gérer le personnel, un métier à part entière, leur ont expliqué les collègues polonais.
Veaux dehors en bonne santé
Les huit éleveurs sont attachés à leur confort de travail. S'ils sont surpris par la bonne santé des veaux élevés en igloos dans le froid hivernal, ils ne sont pas prêts à en faire autant. « Les soins sont faits par un salarié, pas par l'éleveur », notent-ils.
Ces trois jours de découverte sont à l'image de l'évolution du secteur laitier européen. Les échanges technico-économiques pendant longtemps « par-dessus le talus » se font aujourd'hui par-dessus les frontières. Une voie que souhaite explorer Orne Conseil Élevage pour qui c'était une première. « Ce séjour est une démarche de groupe. C'est le fondement de notre organisme. À nous d'inventer de nouvelles formes de collectif. »
CLAIRE HUE
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