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ACTION SYNDICALE « Je veux montrer ma colère, mais je n'attends rien d'une manifestation »

Éleveur breton, Romain Henry a manifesté sans conviction le 16 octobre.

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En EARL avec son épouse à Pleudaniel, dans les Côtes-d'Armor, Romain Henry produit 230 000 l de lait et des légumes. Ils emploient un salarié. Adhérent à la FDSEA, il a participé à quelques actions syndicales depuis le printemps. Et tout d'abord auprès de sa laiterie, Entremont Alliance. « Je me demande à quoi nous allons aboutir avec Sodiaal. Il me semble que Lactalis est plus solide et qu'avec eux, nous aurions eu plus de chances de nous en sortir. »

Il a aussi participé à des interventions contre les grandes surfaces. Convaincu qu'elles détiennent un pouvoir excessif, il ne voit pas trop en quoi ce type de manifestations peut changer les choses.

« J'ai l'impression qu'on nous manipule. Beaucoup de discours pour motiver les troupes. Mais, après, rien ne change. »

Romain regarde ailleurs. Il a vu travailler des Polonais en Allemagne. « En Europe, les distorsions de concurrence sont énormes. Aujourd'hui, un salarié nous coûte 4 à 5 /h de plus qu'en Allemagne », dénonce-t-il.

Il connaît aussi le système de production néerlandais, un modèle qui ne le tente pas du tout. « Ils investissent énormément et travaillent ensuite pour leur banque . Ici, quand on fait une bonne année, on commence par payer la MSA dès l'année suivante, pour une retraite de 1 000 au maximum. » Romain ne voit pas trop d'où viendra la fin de la crise. Il n'a pas fait la grève du lait. Trop dur de jeter son produit. Et puis, dans son secteur, personne ne l'a faite. Il n'y avait donc pas l'émulation que d'autres ont connue.

« Les guéguerres syndicales m'énervent »

Malgré tout, il est venu manifester à Rennes, le 16 octobre, à l'appel de la FNSEA. « Je suis là parce qu'il faut au moins dire que ça ne va pas et que l'on est en colère. » Romain écoute le discours de Jean-Michel Lemétayer. Il applaudit un peu les attaques contre Nicolas Sarkozy, sans conviction. « Les mots ne suffisent pas, il faut des résultats. » Encore une fois, il se sent manipulé.

Romain dénonce aussi la division syndicale. « Sur le terrain, syndiqués ou non, on est tous d'accord. Nous voulons qu'un minimum de régulation permette aux prix de ne pas s'effondrer. Nous voulons aussi une harmonisation des règles à l'intérieur de l'Union. » Et il s'interroge : pourquoi ne retrouve-t-on pas cette unité de vue au plus haut niveau du syndicalisme ? Les guéguerres l'irritent. Il pense que si tout le monde tirait dans le même sens, on aurait plus de chance de se faire entendre. En attendant, Romain n'espère qu'une chose : que les marchés se redressent. C'est le seul moyen, pour lui, de retrouver des prix rémunérateurs pour ses produits.

PLC

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