POLITIQUE DE MAÎTRISE LAITIÈRE Bruxelles reste sourde aux exigences de l'EMB
Le syndicat européen veut le retour à une politique de maîtrise efficace. Mais l'UE ne veut rien entendre.
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À l'appel du syndicat européen EMB (European Milk Board), près de 2 000 éleveurs, selon les organisateurs (900 selon la police), ont défilé dans les rues de Bruxelles lundi 25 mai. Tous sont venus dénoncer la politique de dérégulation des marchés laitiers mise en oeuvre en Europe.
Une gestion qui, selon eux, est responsable de la chute du prix du lait. Après avoir forcé un barrage de police, les producteurs ont manifesté leur colère devant le Conseil européen où se réunissaient les ministres de l'Agriculture. Dans la rue, chaque représentant des différents pays européens a témoigné de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les éleveurs. Pour faire face à la crise, l'EMB exige de Bruxelles la mise en place de plusieurs mesures : un gel des augmentations de quotas supplémentaires, un renoncement aux allocations provisoires. Mais aussi pour rééquilibrer les marchés le plus vite possible, une réduction de 5 % des quotas sur la campagne en cours. En rétablissant une politique de maîtrise de l'offre au plus près de la consommation, l'EMB veut empêcher la distorsion des marchés. L'une des revendications fortes concerne le paiement du lait à 400 €/1 000 l, un prix selon l'OPL, membre français de l'EMB.
Le Canada plus que jamais cité en exemple
« En 2008, lors de l'embellie des marchés, le lait Spot s'est échangé à plus de 500 €/t. C'est la preuve qu'un prix élevé est possible, déclare Daniel Condat, vice-président de l'OPL. Par ailleurs, un pays comme le Canada a démontré qu'une politique de maîtrise de l'offre mise en place par les producteurs permettait de maintenir le prix à plus de 500 €/1 000 l. » En milieu de journée, une délégation de six représentants des différents syndicats membres de l'EMB a été reçue par les ministres européens. La commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, est venue ensuite répondre aux éleveurs. Face à eux, elle a défendu, sans se démonter, la politique laitière mise en place : « La mauvaise situation des marchés laitiers s'explique par la baisse de la consommation du lait, due à la crise économique La gestion des quotas n'est pas responsable de la chute du prix du lait. ».
La commissaire pense qu'il est illusoire d'atteindre une majorité politique pour obtenir une baisse des quotas en Europe. En revanche, elle s'est dite favorable à une meilleure transparence de la répartition des marges au sein de la filière. Pour calmer les éleveurs et les aider à faire face à de graves problèmes de trésorerie, Mariann Fischer Boel a annoncé qu'ils pourront recevoir jusqu'à 70 % de leurs subventions pour 2010 dès le 16 octobre 2009. En outre, elle s'est dite prête à prolonger les aides au stockage privé du beurre qui devait prendre fin le 15 août.
L'EMB exige de la part du Conseil agricole que l'ensemble de ses revendications soit mis en place d'ici au 30 juin, date de la fin de la présidence tchèque de l'UE. À l'issue de cette période, si aucune mesure concrète n'est prise, l'EMB menace de mettre en place une grève du lait à l'échelle européenne (lire interview page 14).
NICOLAS LOUIS
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