PRODUCTION LAITIÈRE Bruxelles appréhende mal sa rentabilité
Si la Commission européenne se cantonne aux mesures du bilan de santé de la Pac pour soutenir le marché, elle s'interroge malgré tout sur le niveau de rentabilité des exploitations laitières européennes.
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La conjoncture laitière s'invite systématiquement au menu du Conseil agricole européen depuis plusieurs mois. Les États membres s'inquiètent de la « situation critique » des marchés laitiers et des producteurs. La réponse de la Commission européenne s'appuie invariablement sur les décisions prises fin 2008 : maintien des hausses de quotas puis suppression en 2015, soutien des marchés par un maximum d'interventions dans le cadre des règlements existants, sans oublier les 5 milliards d'euros d'aides directes perçus par les producteurs de lait européens.
Coûts de production : des sons de cloche divergents
Malgré tout, Bruxelles appréhende mal le niveau de rentabilité des éleveurs laitiers. « Un prix du lait moyen annuel de l'ordre de 300 €/1 000 l (NDLR auquel il faut rajouter 36 €/1 000 l d'aide laitière) leur permet-il de supporter leurs coûts de production et de garantir la rémunération de leur travail et de leur capital ? », s'interroge-t-elle. Les informations qu'elle reçoit sont divergentes. D'un côté, les syndicats agricoles espagnols et l'European Milk Board (voir p.17) réclament un prix du lait moyen de 400 €/1 000 l pour maintenir tous les producteurs. De l'autre, des producteurs de lait, sans doute très performants, et un représentant des transformateurs de lait du grand Ouest, en délégation à Bruxelles, ont soufflé à la Commission qu'une rémunération moyenne annuelle de 230 à 240 €/1 000 l couvre les coûts de production et permet de tenir en attendant des jours meilleurs. Pour eux, ce sont les régions et producteurs les moins compétitifs qui doivent arrêter le lait. Ils rejoignent la position de la commissaire agricole, Mariann Fisher Boel, qui, « sans sous-estimer les difficultés actuelles des producteurs de lait », met aussi l'accent « sur les changements structurels à entreprendre dans le secteur laitier ». En d'autres termes, il ne faudrait pas que la situation économique préoccupante de milliers de producteurs soit instrumentalisée pour différer les restructurations nécessaires.
Si la démagogie et l'irréalisme économique devaient enflammer le secteur laitier, la Commission pourrait alors démontrer, chiffres à l'appui, que les gains de productivité et l'accroissement du tonnage produit par atelier ont logiquement lissé les hausses de coûts de production et que l'heure de travail est aussi bien rémunérée que dans d'autres métiers ayant autant de contraintes.
HERVÉ DEBÉARN
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