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Étude Le Bovaer, une solution simple pour réduire le méthane

Chez Yoann Lézé, éleveur dans la Mayenne et vice-président de l'APBO, l'utilisation de Bovaer a permis une réduction théorique des émissions de méthane de 29 %.

Cinq élevages livrant au groupe Bel ont testé cet additif alimentaire destiné à réduire les émissions de méthane de leurs vaches. L’essai est concluant malgré un mode d’emploi peu adapté au pâturage.

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Le Bovaer (DSM-Firmenich) est le seul additif actuellement autorisé en Europe pour réduire les rejets de méthane par les bovins laitiers. Le groupe Bel et l’APBO (Association des producteurs de lait Bel Ouest) travaillent ensemble depuis 2018 pour construire une filière laitière bas carbone. Tous les éleveurs adhérents à l’OP ont réalisé un Cap’2ER de niveau 2 depuis un an. Ils sont aussi incités à développer le pâturage. Pour aller plus loin, les deux partenaires ont décidé de tester l’additif alimentaire en ferme afin de vérifier la faisabilité pratique de son utilisation. En effet, son efficacité a déjà été démontrée, la baisse des émissions de méthane observée étant de 30 %.

Cinq élevages livrant à Bel ont été choisis pour participer à cet essai. Ils représentent la diversité des systèmes de production de l’ensemble des éleveurs. L’essai a été conduit entre janvier et mars 2023 en partenariat avec l’Idele et DSM-Firmenich. Les vaches ont d’abord reçu un placebo du 1er au 13 janvier. Le Bovaer a été distribué ensuite jusqu’à début du mois de mars. Le dosage a été calculé pour chaque exploitation, en fonction du type de ration, afin de respecter les préconisations de DSM-Firmenich, soit 60 mg de principe actif (3-NOP) par kilo brut de ration. Sur toute la période de l’étude, les données concernant l’alimentation et la production ont été collectées.

L’ingestion doit être régulière

Les émissions de méthane ont d’abord été estimées durant la période d’utilisation du placebo, puis pendant la suivante, avec le Bovaer. Il existe en effet des équations permettant de les prédire et donc d’évaluer leur évolution lorsque l’additif est administré. Des enquêtes ont par ailleurs été réalisées pour recueillir les observations des cinq éleveurs.

Il en ressort que le Bovaer est facile à utiliser. Distribué de la même manière que les minéraux, les vaches ne sentent pas la différence et aucune modification du comportement à l’auge n’a été signalée. Les performances de production n’ont pas non plus été affectées. Cependant, sur les élevages ayant débuté le pâturage, il a été difficile de respecter le mode d’emploi du produit. En effet, il doit être ingéré de manière régulière au fil de la journée, toutes les quatre heures.

Yoann Lézé, éleveur laitier dans la Mayenne, vice-président de l’APBO et participant à l’essai, a pu le constater chez lui. « Ma ration hivernale comprend deux tiers d’herbe et l’aliment est rationné. Je n’ai pu donner du Bovaer que deux fois par jour et mes résultats en matière de baisse des émissions sont moins bons », remarque-t-il.

Bel déploie cette solution en Slovaquie et en France

La page suivante reste à écrire. Bel s’est lancé dans la généralisation de l’usage du Bovaer en Slovaquie au printemps dernier. La majorité de ses livreurs l’utilisent et l’entreprise met en avant sa production de produits laitiers à faible impact carbone. Mais, la plupart de ces élevages sont en système hors sol ce qui facilite l’utilisation de l’additif.

En France, au contraire, toutes les vaches des éleveurs de l’APBO sortent à l’herbe une partie de l’année. Cependant, Bel et l’APBO ont annoncé, le 21 novembre, avoir trouvé un accord à ce sujet. À partir du second semestre 2024, tous les livreurs qui le souhaitent pourront utiliser le produit chez eux. Bel les accompagnera à hauteur de 10 €/1 000 l, ce qui correspond au coût estimé.

« Nous avons des échanges réguliers et constructifs avec la laiterie sur tous ces sujets autour du carbone », précise Yoann Lézé, en rappelant que l’OP ne veut rien imposer aux éleveurs. Le Bovaer peut apporter une solution pour certains. L’éleveur ajoute qu’il s’agit d’un additif chimique, pas vraiment en phase avec les attentes actuelles des consommateurs.

Mais déjà, grâce à Cap’2ER, tous les livreurs ont suivi une formation de deux jours. Ils connaissent les leviers qu’ils peuvent actionner pour réduire leur empreinte et ont déjà commencé à agir.

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