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Réchauffement climatique Contre le méthane et l’ammoniac, le pâturage fait le job

Les vaches n’excrètent pas au même endroit urines et fèces au pâurage, ce qui limite la fabrication d’ammoniac.

Le centre de recherche néerlandais Dairy Campus de Leeuwarden montre que les vaches en 100 % pâturage du printemps à l’automne émettent moins de méthane qu’avec une ration d’ensilage d’herbe, en particulier au printemps. Le pâturage réduit aussi les émissions d’ammoniac.

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À Leeuwarden, au nord des Pays-Bas, l’antenne du centre de recherche de Wageningen mène des expérimentations sur la réduction des émissions de méthane et d’ammoniac. Grâce au pâturage, le Dairy Campus espère faire du deux en un. « Les urines des vaches s'infiltrent rapidemnt dans la couche d'herbe puis dans le sol. Le temps de contact avec l'air est donc réduit, la transformation d'une partie de l'azote en ammoniac aussi,, explique Bert Philipsen, chercheur au Dairy Campus. Il est démontré que le pâturage abaisse les émissions d’ammoniac des vaches de 5 % à 15 %. »

Le scientifiquese focalise depuis 2020 sur l’incidence du mode de consommation de l’herbe sur le méthane : pâturage, affouragement en vert des vaches en zéro pâturage et ensilage d’herbe. La dégradation de sa cellulose dans le rumen est en effet à l’origine des rejets de méthane entérique des vaches laitières. « Au printemps, en été et à l’automne, nous comparons ce qu’elles émettent en rations 100 % pâturage, 100 % ensilage d’herbe et 100 % affouragement en vert. Au pâturage, nous comparons également l’effet des hauteurs d’herbe à leur entrée dans les paddocks : l’une élevée à 16 cm, l’autre basse à 9 cm. » Les prairies sont composées uniquement de ray-grass anglais.

© C.Hue - Pour Bert Philipsen, du Dairy Campus néerlandais de Leeuwarden, une partie des sucres de l’herbe appétente échappe au processus de méthanogénèse ruminale.

Pâturage total : de 10 % à 30 % de méthane en moins

Les résultats de 2020 et 2021 sont encourageants (ceux de 2022 ne sont pas encore disponibles). Premier constat : sur les trois périodes de pâturage, les émissions de méthane sont plus faibles d’environ 5 % lorsque l’herbe est plus basse. Deuxième constat : les vaches nourries à l’ensilage d’herbe éructent plus de méthane. Troisième constat : au printemps, les émissions les plus faibles reviennent aux laitières au pâturage, c’est-à-dire de 33 % inférieures aux « ensilage d’herbe ». Les affouragées en vert affichent quant à elles 25 % de moins. En été et en automne, les écarts se réduisent nettement par rapport au lot « ensilage d’herbe » : 10 % au maximum en dessous.

« Au pâturage, les vaches choisissent les brins les plus appétents, c’est-à-dire les jeunes feuilles ou leur partie supérieure, analyse Bert Philipsen, ce que ne peuvent pas faire celles affouragées en vert. Elles doivent consommer l’ensemble de la coupe. » Moins riches en fibres, ces parties ont une vitesse de transit digestif plus rapide que les fourrages conservés. Leur temps de séjour dans le rumen est plus court. De ce fait, celui pour produire du méthane entérique est réduit, ce qui explique les émissions plus faibles au pâturage. "Plus on offre de l'herbe aux vaches, plus elles consomment sa fraction la plus haute, qui est aussi la plus feuillue et digestible", complète Luc Delaby, chercheur à l'Intrae. On comprend pourquoi le trèfle blanc, quasi uniquement composé de feuilles, est un des leviers de diminution des émissions de méthane. « Parallèlement à ces travaux de recherche, quinze élevages laitiers néerlandais sont suivis pour lesquelles nos estimations donnent une réduction de 12 % des émissions de méthane et de 5 % à 15 % de celles d’ammoniac. Le pâturage n’est pas la solution à tous les problèmes, mais il a le grand avantage de ne pas être coûteux par rapport aux innovations techniques proposées. Il faut faire mieux avec les ressources de l’exploitation. » Par exemple,  en enrichissant les prairies de trèfles.

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