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« MES 50 VACHES SONT CONDUITES EN DEUX LOTS »

La conduite en deux lots n'interdit pas le pâturage. Un seul fil électrique orienté d'un côté ou de l'autre dirige les animaux vers leur paddock respectif.© D.G.

Jean-Michel Maerten a organisé astucieusement son bâtiment pour travailler en deux lots avec une ration complète. Cette conduite permet des économies substantielles d'ensilage maïs et de concentrés, mais surtout sans surcharge de travail.

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JEAN-MICHEL MAERTEN EST INSTALLÉ DEPUIS 1993 à Hondeghen, dans les Flandres françaises sur une exploitation de 65 ha de SAU avec 50 vaches laitières. Classique dans la région, à ceci près que Jean-Michel conduit son troupeau en deux lots. Une méthode de travail qui n'appartient d'ordinaire qu'aux très grands troupeaux. « Mes parents avaient adopté cette conduite à l'initiative du contrôleur laitier. À l'époque, l'ancien bâtiment était devenu tellement peu fonctionnel qu'il était impossible d'y placer un Dac. Avec un jeu de barrières, nous avions réussi à séparer en deux l'aire d'attente de la salle Jean-Michel Maerten a organisé astucieusement son bâtiment pour travailler en deux lots avec une ration complète. Cette conduite permet des économies substantielles d'ensilage maïs et de concentrés, mais surtout sans surcharge de travail. de traite de façon à avoir deux lots qui ne se mélangent pas », explique Jean-Michel. En 2008, la mise aux normes s'effectue avec un nouveau bâtiment. L'éleveur choisit la simplicité : aire paillée et couloir raclé derrière les cornadis. Mais pas question pour autant d'investir dans un Dac. La conduite en deux lots continuera. Il suffit pour cela de quelques barrières supplémentaires afin d'organiser le mouvement des animaux dans le bâtiment sans aucune surcharge de travail.

DES FOURRAGES PLUS ENCOMBRANTS POUR LE LOT 2

Le principe de la conduite en lots est d'isoler les vaches en début de lactation. Ici, le lot des hautes productrices concerne celles qui produisent plus de 24 kg par jour. En deçà de ces 24 kg, elles passent dans le lot bas, c'est-à-dire entre 150 et 180 jours après la mise bas. Dans un troupeau où les vêlages sont étalés sur toute l'année, cela permet d'adapter la ration complète mélangée au niveau de la production des animaux, sans qu'il soit nécessaire d'individualiser la distribution de concentré. Ici, les vêlages se répartissent sur dix mois environ. « Cette conduite offre une multitude d'avantages. Elle permet d'économiser du concentré mais surtout les stocks de fourrages les plus riches. Ainsi, l'ensilage de maïs sera donné en priorité aux hautes productrices, tandis que le lot 2 peut recevoir des fourrages moins denses en énergie et plus encombrants. Cette économie sur l'ensilage de maïs est particulièrement intéressante en cas de sécheresse. Et en année normale,pouvoir vendre 2 ha de céréales supplémentaires n'est pas neutre économiquement », explique Thomas Banquart, conseiller de l'élevage. Les deux rations mélangées (voir tableau) sont faites au godet désileur. Pour assurer un bon mélange des concentrés, l'éleveur vide le godet une première fois devant le silo avant de le reprendre. « Il me faut 10 minutes de plus par jour, mais le mélange est bien homogène. » La conduite en deux lots permet aussi une meilleure maîtrise de l'état d'engraissement des animaux au tarissement. « Les vaches dont la production reste très élevée un mois et demi avant le tarissement, passent dans le lot 2. Même chose pour celles qui ne sont pas fécondées 120 jours après le vêlage. Cela concerne trois ou quatre animaux par an et souvent, ça règle le problème. Même si je fais systématiquement des échographies, il est plus confortable d'avoir moins d'animaux à surveiller. Enfin, je consomme globalement moins de paille, car les vaches du lot 2 sont moins turbulentes », argumente Jean Michel. Cette conduite en deux lots ne l'empêche nullement d'utiliser les 6,5 ha de prairies disponibles pour le pâturage derrière le bâtiment. La prairie est séparée en quatre paddocks, deux pour chaque lot. « Il n'y a jamais de mélange des lots. Il suffit d'un fil de clôture électrique que je place d'un côté ou de l'autre pour orienter les animaux. La seule contrainte est d'aller chercher les vaches en deux fois », explique l'éleveur. En été, le lot 1 de début de lactation ne pâture que quelques heures par jour (souvent de 14 heures à 18 heures). Le lot 2, lui, reste dehors toute la nuit. « L'objectif ici est d'offrir plus d'herbe au lot 2 pour réserver toujours le maïs au lot 1. Je pourrais même aller plus loin dans cette gestion du fourrage, en gardant le lot 1 dans le bâtiment et en sortant le lot 2 toute la journée pour une alimentation à l'herbe plus complète. Les 6 ha (30 ares par laitière) suffiraient pour tenir les 20 vaches du lot 2 toute la saison », avance Thomas Banquart.

UNE ORGANISATION REPRODUCTIBLE AILLEURS

Ce qui frappe d'entrée chez Jean-Michel Maerten, c'est la simplicité de l'organisation qui permet cette conduite en lots. Une organisation qui pourrait s'appliquer à d'autres configurations de bâtiment. L'aire d'attente de la salle de traite a été divisée par son milieu de façon à ce qu'un quai de traite soit dédié à chaque lot. Ensuite ce ne sont que des barrières qui servent à organiser le déplacement. « Je n'ai que deux barrières à ouvrir et à fermer avant chaque traite. Au final, cela m'a demandé environ 45 m de barrières supplémentaires pour créer les couloirs et séparer les deux lots. Je ne pense pas augmenter mon temps de traite qui est, en moyenne, de 45 minutes avec ma TPA 2 x 8. En commençant par le lot 1, j'arrive à finir le lot 2 en même temps que le 1. Si ce n'est pas le cas, il suffit d'ouvrir et fermer deux barrières pour finir le lot 1 sur l'autre quai », explique Jean-Michel. Cette conduite en lots permet-elle de meilleures performances techniques ? « Pas nécessairement, car la ration complète écrête les pics de lactation du lot 1 à 36/37 kg. L'objectif de l'éleveur est de produire un lait économe, sans chercher à exprimer le potentiel maximum. Pour augmenter significativement la production par vache, il serait facile d'ajouter un peu de tourteau tanné au lot 1. Cette distribution pourrait d'ailleurs se faire au cornadis quand les animaux sont bloqués après la traite. La qualité du lait n'est pas un problème dans cet élevage et les vaches vieillissent plutôt bien », constate Thomas Banquart.

DOMINIQUE GRÉMY

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