Les semenciers étoffent leur offre. En 2011, plus d'une trentaine de nouvelles variétés font leur entrée dans les catalogues avec, notamment, de nombreux mélanges.
« CHOISIR DES VARIÉTÉS TARDIVES »
« Les variétés très tardives et tardives sont les plus conseillées pour leur souplesse d'exploitation. Elles présentent un maximum de feuilles avec une remontaison limitée. Plus le secteur est arrosé, comme au nord-ouest de la Bretagne, plus il est possible d'implanter des variétés très tardives. On cherchera alors des dates d'épiaison au 10 juin, voire au-delà. Lorsque la variété est diploïde, l'éleveur doit faire attention à la résistance aux rouilles. Les tétraploïdes présentent une appétence supérieure mais sont moins recommandées en terrain humide. Des ray-grass anglais demi-tardifs peuvent aussi être intéressants lorsqu'on les associe à de la fétuque élevée ou à un dactyle. L'épiaison plus précoce de ces RGA correspondra aux stades des deux autres espèces. Attention malgré tout à ne pas acheter des variétés trop remontantes. »
« RECOMMANDÉS POUR DES COUVERTS VÉGÉTAUX »
« Avec leur pérennité limitée à dix-huit mois, les ray-grass italiens gardent leur intérêt avant tout comme couverts végétaux. Très productifs, les associer à un trèfle incarnat permettra d'augmenter la valeur azotée de la parcelle. Tant qu'à implanter une prairie, je conseille de semer un ray-grass hybride qui peut être exploité plus longtemps, durant trois années en fauche mais aussi en pâture. Dans ce cas, préférer une association avec un trèfle violet, une espèce plus pérenne que le trèfle incarnat. »
« L'ASSOCIER AVEC 3 À 4 KG DE DACTYLE »
« Le principal inconvénient de la luzerne est sa pérennité relativement limitée. Exception faite des zones côtières à pH élevé où elle peut être implantée pure, je recommande de l'associer avec 3 à 4 kg de dactyle par hectare. Cette association permettra de prolonger l'exploitation de la parcelle durant une à deux années supplémentaires. La pérennité totale pourra alors atteindre quatre à cinq ans. La luzerne présente l'intérêt de produire d'importants rendements riches en protéines, à condition de l'exploiter au bon moment, c'est-à-dire au stade boutons. Il est malgré tout important de la laisser fleurir au moins une fois par an pour qu'elle reconstitue ses réserves. »
« ADAPTÉ AUX ZONES CHAUDES ET À ASSOCIER À UN RGA»
P. L.C. : « Implanter une fétuque élevée présente un intérêt dans les zones chaudes du sud et sud-ouest de la Bretagne. En effet, elle résiste mieux aux températures élevées et restera verte plus longtemps qu'un ray-grass anglais. Elle s'associe souvent à cette dernière espèce, car son appétence et sa valeur alimentaire sont moindres. La fétuque élevée est bien adaptée à la fauche, étant plus facile à sécher qu'un RGA. Celui-ci convient davantage pour le pâturage et l'enrubannage. »
A. M. : « Dans notre département, il fait souvent chaud et sec très tôt dans la saison. Je conseille donc d'associer le ray-grass avec une fétuque élevée. Des variétés récentes comme Callina, Elissia et Elodie sont très intéressantes sur le papier. Elles présentent notamment une bonne souplesse de feuilles et une valeur alimentaire élevée. Par contre, je n'en ai pas encore rencontré sur le terrain, les agriculteurs préférant pour l'instant implanter des variétés plus anciennes qu'ils connaissent déjà. »
« MIEUX VAUT ASSOCIER UNE FÉTUQUE À UNE LUZERNE »
P. L.C. : « Cette espèce est à réserver aux parcelles séchantes et à faire consommer de préférence par les génisses ou, occasionnellement, par les vaches en été. Le dactyle est peu implanté dans le nord-ouest de la Bretagne mais davantage dans le sud-ouest sur des sols superficiels. »
A. M. : « Le dactyle résiste bien à la sécheresse. Cette espèce était très conseillée dans le passé en mélange avec de la luzerne. Je pense qu'aujourd'hui, ce choix n'est pas judicieux. Ces deux espèces n'ont pas le même système racinaire. Le dactyle, avec ses racines moins profondes dans le sol, risque de pomper l'eau lors de précipitations au détriment de la luzerne. Je recommande donc d'associer une luzerne avec de la fétuque qui résiste bien également à la sécheresse. »
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« AJOUTER UN TRÈFLE BLANC À DU DACTYLE »
« Cette espèce très robuste et tout terrain s'associe à un RGH ou un dactyle. En cas d'association avec cette dernière espèce, je conseille aussi d'ajouter un trèfle blanc car sa pérennité est plus longue que le trèfle violet. Ce dernier ne restera en place que trois ans. Pour la fauche, préférer des variétés diploïdes, plus faciles à sécher. »
« LES MÉLANGES DE LA SOCIÉTÉ OH-SEMENCES ONT FAIT LEURS PREUVES »
P.-E. B. : « Dans le Jura, le cahier des charges AOC recommande d'implanter des prairies avec au moins cinq espèces différentes. Je conseille d'utiliser les mélanges de la société OH-Semences, testés en Suisse. Ils ont fait leurs preuves dans notre département où les conditions d'exploitation sont quasi-équivalentes. Ces mélanges complexes assurent une certaine sécurité en termes de rendement par hectare. Sauf en cas de sécheresse exceptionnelle comme en début d'année, lorsque la pousse d'une espèce est menacée, une autre plus résistante prend le relais. Semé à raison de 36 kg/ha, le mélange OH-430 (3 % de trèfle violet longue durée, 7 % de trèfle blanc ladino, 4 % de trèfle blanc à feuilles moyennes, 14 % de RGA précoce, 14 % de RGA tardif, 28 % de pâturin, 8 % de fétuque rouge, 14 % de dactyle et 8 % de fléole) présente une bonne densité au sol, résiste bien au pâturage et surtout n'est pas difficile à sécher puisqu'il contient moins de 30 % de ray-grass. Dans des conditions moins séchantes, avec un peu de profondeur de sol, OH-440 (3 % de trèfle violet, 6 % de trèfle blanc, 3 % de trèfle blanc à feuilles moyennes, 9 % de RGA très précoce, 20 % de RGA précoce, 29 % de pâturin des prés, 14 % de fétuque rouge, 9 % de fléole), un mélange quasi-équivalent au premier avec plus de fétuque rouge, est mieux adapté. Pour les parcelles réservées à la fauche, je recommande d'implanter OH-323 Dormal (6 % de trèfle violet longue durée diploïde, 47 % de luzerne, 31 % de fétuque des prés, 19 % de dactyle tardif, 9 % de fléole) ou OH–33 Dormal (6 % de trèfle violet longue durée diploïde, 29 % de luzerne, 6 % de trèfle blanc ladino, 3 % de trèfle blanc à feuilles moyennes, 10 % de RGA précoce, 10 % de RGA tardif, 23 % de fétuque des prés, 10 % de dactyle tardif, 4 % de fléole), deux mélanges à base de luzerne. Le second contient du RGA et est donc plus difficile à sécher, sauf en grange. Il convient davantage pour l'affouragement en vert.
P.L.C. : « En Bretagne, les mélanges proposés dans le commerce sont inspirés des préconisations des chambres d'agriculture. On trouve des RGA diploïdes associés à un RGA tétraploïde ainsi qu'à un ou deux trèfles blancs (avec différentes agressivités). Ou alors des RGA associés à de la fétuque élevée et un trèfle blanc. Mieux vaut faire son mélange soi-même pour garder la main. En cas d'achat tout fait, bien regarder le nom des variétés et leurs caractéristiques. »